Chroniques

Un vendredi par moi

© D.R

L’indifférence. Comment peut-on signifier autrement à l’acte son indélicatesse qu’en l’ignorant souverainement ? Le Roi du Maroc vient de dire à la presse qu’il a mieux à faire que de poursuivre un journaliste ou un journal. Même si sa propre personne a été gravement mise en cause. C’est ainsi l’expression et sa liberté qui ont été mises de la façon la plus éloquente devant leur responsabilité. Celle, pour la presse, de se dire à elle-même et par elle-même que trop c’est trop. On l’a souvent dit, ce n’est pas parce qu’on se revendique d’une profession, censée être noble, que l’on doit, au nom d’une présumée liberté, prendre des libertés avec les faits, vendre de la viande avariée. Le quotidien Assahifa a naturellement présenté ses excuses. Amende honorable. Si, et seulement si, on réussit à mettre fin à la dérive qui a fait croire à quelques-uns que la devise, Dieu, la Patrie, le Roi, était sans lien vital avec la sauvegarde de l’unité de la Nation dans sa pluralité et sa diversité. Que le label "démocrate" passait par la transgression libertaire.  

Le Souverain ayant décidé de regarder ailleurs, même s’il n’est pas nécessaire d’être grand clerc pour deviner sa peine, je n’en dirais pas plus. Mais un exemple, même sans rapport direct avec les faits qui nous intéressent, est édifiant sur ce que peut produire le mélange des genres. En voici un spécimen, précisément tiré du quotidien Assahifa du 25 janvier.  Sur cinq colonnes en bas de page de sa "une", pas moins, la narration d’un événement survenu dans la région de Khémisset. Jugez en vous-mêmes à travers cette traduction quasi littérale : 
«Les autorités locales de la commune rurale d’Ayt Yadine ont remis aux services des eaux et forêts de la province de Khémisset un sanglier qui a été appréhendé auprès des maisons proches du siège de la commune. Des sources présentes sur les lieux ont déclaré à Assahifa que le sanglier présentait des blessures au groin et à la tête suite à son attaque de chaumières du douar Aït Hammou en vue d’y chasser du poulet qui constitue, en l’absence de gibier, son repas préféré.
Ces sources précisent que le sanglier a fait son apparition, il y a trois mois, au domicile d’un responsable local de l’USFP. Il l’a enlevé encore petit [marcassin] avec l’aide d’un garde forestier. Les mêmes sources […] indiquent que dès qu’il a appris la nouvelle [de l’incident], le responsable politique local s’est rendu sur les lieux où a été arrêté le sanglier et a accompagné les responsables lors du transfert de l’animal victime, en protestant énergiquement contre les autorités locales en raison des blessures dont a été atteint le sanglier actuellement en état d’arrestation, niant par la même occasion toute responsabilité dans l’enlèvement et la séquestration du porc sauvage.
Selon des sources bien informées, les services des eaux et forêts à Khémisset ont ouvert une enquête afin de déterminer les circonstances de l’incident et d’identifier l’agresseur du sanglier. Ils ont à cette fin entendu plusieurs témoins provenant du même douar et qui ont confirmé, selon toujours les mêmes sources, l’apparition de ce dernier, il y a trois mois, appuyant leurs témoignages par une cassette vidéo, dont une copie est en possession d’Assahifa, montrant l’animal évoluant dans une ferme appartenant au père du responsable socialiste. Ils ont également confirmé les agressions dont ils ont fait l’objet de la part du sanglier […]Les mêmes sources ont enfin rapporté qu’une fois l’enquête  bouclée, la poursuite sera transmise au tribunal de première instance de Khémisset qui aura à juger l’accusé.»

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