Chroniques

Un vendredi par moi

Il semble qu’Ignace Dalle, ancien correspondant de l’AFP à Rabat, a récidivé en commettant un nouveau livre sur le Maroc. De ce qu’il raconte je n’en sais rien et je n’ai aucune envie de le savoir. Ma dose, jusqu’à l’over, je l’ai eu avec son avant-dernier bouquin «les trois rois». Cet ouvrage, une fastidieuse compilation qui élève souvent la rumeur au rang de fait et anoblit le ragot, ne dévoile aucun secret. Il n’y a rien dedans qu’on n’ait déjà lu ou entendu, à deux ou trois petites choses près. Pour son dernier-né, j’en ai eu vent en lisant dans le Journal Hebdomadaire la chronique de Jamal Boushaba. C’est une critique bien vue que je partage, connaissant l’arrière-pensée du journaliste français, sans avoir lu ce «guide du Maroc». Il répète, il se répète et «on ne sait pas trop si c’est du lard ou du cochon». Et ce cri aussi que j’emprunte également à Jamal Boushaba: «Dieu que c’est fatiguant tous ces gens à notre chevet ! Le pire, c’est qu’il nous veulent du bien.»

Pendant longtemps, plusieurs de nos ministres, notamment ceux de l’Economie et des finances, relayés par des économistes de l’université, ont essayé d’apaiser nos angoisses devant la récurrence de la sécheresse en affirmant que de toutes les manières il valait mieux importer le blé que de le produire ; il reviendrait moins cher. Les plus «imaginatifs» allaient même jusqu’à préconiser l’abandon des cultures céréalières au profit d’autres produits destinés à l’exportation. Ceux qui contredisaient cette conception de l’agriculture en arguant de la nécessaire indépendance alimentaire faisaient figure de rescapés du Jurassique Park. Où serions-nous avec la flambée actuelle des cours du blé si les avocats de la première thèse avaient trouvé une oreille attentive ? Heureusement, ce n’était qu’un débat de bulle dont il ne faut retenir qu’une chose : Pas plus qu’il n’y a de science infuse il n’y a de science exacte. Notamment en économie.

SMS. Short message service. On l’évoque aussi en parlant de texto qui prend la dérive de signifier l’abrégé alors que le mot a toujours été une sorte de sic pour le textuellement. En principe je n’ai rien contre le vite dit et j’apprécie même les texto pour leur amusante façon d’annoncer le départ de l’actuelle orthographe française pour siéger aux côtés du latin au Panthéon des langues perdues pour la masse. Bernard Pivot peut toujours écrire dans sa présentation du Dico d’or consacré au sujet que l’orthographe c’est logique, qu’elle est intelligente, le SMS est en voie de révolutionner les langues. En arabe dans le texte mais en caractères latins dans le texto, le SMS se joue des frontières linguistiques, trouve dans les chiffres des compléments aux lettres et applique une règle qui faciliterait la vie à plus d’un : le mot s’écrit comme il se prononce. N’en déplaise au vénérable gardien de la dictée, il n’y a pas plus logique que la simplicité. Pourquoi je parle ici des SMS ? Pour le plaisir. Mais aussi parce que samedi dernier, c’était jour de fête, que j’ai dû envoyer, recevoir et répondre à des dizaines de messages standardisés, et aseptisés que certains, pour un brin de couleur, ornent d’émoticones. Touchante attention mais qui ne change rien. En dehors du bonheur des opérateurs Télécom et du plaisir que prend le consommateur à  massacrer en toute légalité les langues, les SMS ne font qu’agacer. Ceux qui en reçoivent parce qu’ils doivent répondre et ceux qui n’en reçoivent pas parce qu’ils leur permettent de mesurer l’ampleur de leur solitude.

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