Chroniques

Un vendredi par moi

Nouveau ! De Aaron (Haroune), frère de Moïse (Moussa), à Zulaykhâ qui chercha la perte de Joseph (Youssouf) parce qu’il s’est refusé à ses désirs adultères, le Dictionnaire du Coran (*) est un ouvrage remarquable qui offre au lecteur une explication originale des faits et des personnages qui peuplent le Saint Coran. Avantage : il établit une corrélation entre ces faits et ces personnages selon qu’ils sont rapportés par le Coran ou les différents récits bibliques. Il creuse encore un peu plus en détaillant ce que la tradition des uns et des autres a apporté ou ajouté aux événements et à leurs acteurs. Dès la première entrée du dictionnaire, on devine que le texte va enfin apporter un début d’explication à ce que sont les différences entre les personnages et les faits racontés par les Livres judaïque, chrétien ou musulman.

Evident ! Des théologiens marocains comme M’hammed Talabi ou Ahmed Rissouni ne trouveront certainement pas l’ouvrage à leur goût. Peut-être même y verront-ils une œuvre maçonnique démoniaque ou le fruit pourri des gourous du front de la déliquescence tels que les définit l’ancien animateur du Mouvement de l’Unicité et de la Réforme (Attajdid du 5 février). Ne serait-ce que parce que le texte recourt au conditionnel quand il s’agit d’évènements coraniques ou bibliques. Il faut toutefois savoir raison garder. Ce procédé est pour les auteurs, vingt huit différentes nationalités sous la direction de Mohammad Ali Amir-Moezzi, d’observer la distance scientifique nécessaire avec l’objet de leur étude. Ils ont bien été mis en garde contre la sensibilité du sujet. Ils sont passés outre. Parce que «l’histoire de l’Islam et de la civilisation islamique comporte bien entendu, comme c’est le cas dans toute religion et civilisation, des zones sombres de violence et de fanatisme, mais aussi de nombreux et magnifiques moments d’ouverture, de rationalisme et de pluralisme intellectuel et spirituel qui firent de la culture musulmane, pendant plusieurs siècles, une des plus riches et des plus enrichissantes du monde». Sans aucun jugement de valeur sur la chose religieuse, les auteurs, sur une durée de cinq ans, ont bravé la difficulté harassante des textes religieux pour « mettre à la disposition d’un grand public, non spécialisé et cultivé, un outil de travail, forcément non exhaustif, mais scientifiquement rigoureux et en même temps lisible.» Ils ont fini par accoucher d’un ouvrage inédit et admirablement réussi.

Lassant ! De passage en Jordanie, le secrétaire général du PJD, Saâd Eddine El Othmani, a remis sur le métier la prévarication des dernières législatives par le recours à l’achat des voix. En vérité, il n’est pas le seul à remettre sur le tapis un grief qui, s’il est vrai, n’est pas pour grand-chose dans les déceptions des uns et des autres. Tous les mauvais perdants y vont de leur touche. Sans vouloir se rendre compte, en y ajoutant les bulletins nuls, que près de 80% des électeurs, s’ils n’ont pas été séduits par les partis en compétition, ils ne se sont pas non plus laissés suborner par l’argent. Si on leur joint les électeurs qui ont voté par conviction, cela réduit au strict minimum le taux des «pourris». Et fait de la quasi-totalité de l’électorat un corps sain!

(*) Ed. Robert Laffont.

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