Chroniques

Un vendredi par moi

L’attentat kamikaze du 16 mai 2003 à Casablanca a retenti dans le ciel marocain telle, sans jeu de mots douteux, une bombe. En même temps que les victimes de l’agression, s’écroulait le mythe de l’immunité marocaine contre le terrorisme. Sans doute sait-on désormais que le pays n’est pas imperméable à la tentation de la violence, mais – croisons les doigts – la grande frayeur d’une spirale de violence à l’algérienne semble dernière nous. Bien mieux – touchons le bois – en mars et avril 2007, les forces de sécurité avaient réussi à désamorcer des bombes humaines. Régulièrement aussi, les services démantèlent des filières terroristes. Sans doute encore ce processus ne se fait pas entièrement sans bévues ou bavures. Mais on ne peut pas dire que la sécurité marocaine manque d’efficacité ou, pour faire plaisir aux sceptiques, de baraka. De toute façon, dans toute réussite, il y a une part de chance.

Pourtant on trouvera toujours dans un débat récurrent sur la violence islamiste quelqu’un pour affirmer que la lutte contre le terrorisme au Maroc, «sans boussole», ne se fait qu’au petit bonheur de la chance. Bien pire, on nous dira que la manière dont est mené ce combat participe à la pérennisation du terrorisme. Ce «on» est naturellement de sensibilité islamiste et fonde son jugement sur une analyse hypothétique. Il considère sans démonstration que l’approche de la violence terroriste au Maroc est exclusivement sécuritaire : Un stratège lui ferait défaut en même temps – ceci expliquant cela – qu’elle manquerait de toute profondeur stratégique. La réaction la plus spontanée à ce type d’assertions est de se demander ce que peuvent en savoir ces islamistes qui ne sont assurément pas dans le secret des dieux?

En dépit des études menées sur le sujet, des colloques organisés, les motivations de la violence islamiste restent difficiles à cerner exhaustivement. Un pays comme le Maroc est susceptible d’en devenir la cible pour des raisons intrinsèques. Les frustrations sociales et identitaires ou la volonté d’un groupe d’imposer au pays une vision passéiste de la société se révèleront dans ce cas un moteur suffisant. Mais le pays peut tout aussi en être victime pour ses choix de société, ses alliances extérieures qui participent d’ailleurs de ces choix ou encore, cas extrême, il demeure toujours plausible qu’un service «ami» fomente un coup pour créer une psychose et contraindre à une prise de position. L’éventail est encore plus large, mais sur chacun de ces fronts, la lutte nécessite une longue haleine et beaucoup de vigilance. L’une des tâches vitales de ce combat de tous les jours consiste à décontaminer l’Islam marocain de toutes les pollutions étrangères. Mais là, vraisemblablement, n’est pas le souci des porteurs des reproches sur «l’exclusivisme sécuritaire» des Marocains. Le sens secret de leur pensée veut que la politique sécuritaire de l’Etat ne soit stratégique et intelligente que si elle conduit le Maroc à renoncer à son projet de société en lui substituant celui que veulent les terroristes. C’est l’extirpation du mal par sa généralisation.

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