Chroniques

Un vendredi par moi

Le docteur Moulay Omar Benhammad est une des figures du Mouvement unicité et réforme, autorité de tutelle du PJD. Le vénérable docteur vient de défrayer la chronique par une sentence dont apparemment il ne mesure pas toute la portée : «tous ceux qui ne sont pas contre l’alcool, sont pour !» Le verdict est sans appel. Sur ce sujet, je publie cette semaine un article dans l’hebdomadaire arabophone Al Ayam. Il reprend pour l’essentiel une chronique que j’ai écrite ici (ALM du 6 novembre 2009) par laquelle j’invitais nos islamistes qui quotidiennement font de la prohibition  un cheval de bataille, à mettre de l’eau dans leur vin. En voici un passage : «la vertu par la loi c’est un leurre. Le «vice» si vous le sortez par la porte il se niche dans l’obscurité et revient par la fenêtre, plus létal, plus fatal que jamais. La prohibition, plusieurs pays l’ont connue. Le Canada, la Russie, les Etats-Unis et la Finlande. Partout et à chaque fois le résultat est le même. La contrebande prospère, le frelatage s’installe, les mafias s’organisent, parfois des têtes tombent mais pour les polices, généralement, le pot-de-vin fait passer la pilule et la consommation continue de plus belle. Si l’interdiction pouvait servir à quelque chose ça se saurait et ça ferait déjà longtemps que les brigades anti-stupéfiants auraient éradiqué de la surface de la terre tous les euphorisants. La consommation de l’alcool est le grand non-dit et l’énorme hypocrisie de tous les pays qui se proclament chastes  en en  interdisant la circulation.» Depuis la polémique n’a cessé d’enfler et vient de franchir avec le docteur, il aime qu’on l’appelle ainsi, Moulay Omar Benhammad, le seuil de l’insupportable. La religion a bon dos quand l’offre politique est inexistante. Ce qui apparaît clairement aujourd’hui c’est que les islamistes ne savent mobiliser que contre les maux de société et ne leur apportent comme solution que les interdictions. Il sont contre l’alcool parce qu’il tue et handicape, et pour les syndicats des transporteurs lorsqu’ils s’opposent au code de la route. Parce que mourir d’ivresse et crever écrasé par un camion ce n’est certainement pas la même chose. En disant ce qu’il a dit, le docteur Benhammad se rend-il seulement compte qu’il reproduit à la lettre les mécanismes de pensée des néo-conservateurs américains avec à leur tête l’inoubliable George-Bush : Celui qui n’est pas avec les Etats-Unis d’Amérique est contre eux ! Tolérance zéro et aucun choix possible. Même pas celui de pouvoir avancer que l’alcool, lorsqu’il est surconsommé, est un mal de société qu’on ne peut résoudre ni par l’approche religieuse ni par son interdiction. Jusque-là le MUR et ses satellites nous laissaient croire qu’ils étaient au sein de la mouvance islamiste des centristes. Le docteur Benhammad est venu nous rappeler qu’avec le centrisme islamiste (alwassateya), on n’est jamais très loin de l’intransigeance la plus hermétique.

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