Chroniques

Un vendredi par moi

Un instant on a eu peur pour le festival L’Boulevard, une rencontre d’une partie de la jeunesse marocaine, en apprenant qu’il risquait d’être interdit. Sa tenue a soulagé plus d’un tout comme a été saine et rassurante la réaction des organisateurs de Mawâzine, objet d’une véritable campagne sous le prétexte fallacieux de l’homosexualité d’Elton John. Saine et rassurante parce que dans le chahut des islamistes contre Mawâzine, le festival est ciblé pour ce qu’il représente, une fête exutoire et une soupape de sécurité contre la tristesse, la déprime, l’uniforme et l’univoque. Je ne crois pas que Allal El Fassi ait un jour contraint ses filles à porter le voile, même si quelqu’un a prétendu que son Islam était à l’identique de celui du PJD. C’est ce tintamarre contre la joie de vivre qui m’incite à parler de cet homme dont les istiqlaliens célèbrent cette année  le centenaire de sa naissance. Allal El Fassi, pour ceux qui ne le connaissent pas, sait-on jamais, est l’une des grandes figures du mouvement national. Penseur et poète, il est aussi un théologien incontestable et incontesté. Je ne peux l’affirmer, mais je suis quasiment sûr que s’il était encore parmi nous, il n’aurait rien trouvé à redire sur les festivals. J’avance cette quasi certitude en parcourant de nouveau son œuvre maîtresse, «L’autocritique» éditée en 1952. Il y a soixante ans, Allal El Fassi, en musulman profondément attaché à son Islam, abordait la religion sous l’angle de la rationalité et de la raison. Il scrutait l’Occident non pas pour dénicher ce qu’il colporte de décadent  mais pour trouver en quoi il a pu être plus fort que nous. Au nom de la liberté de la pensée, il s’insurge contre la peur du nouveau et l’intolérance devant la différence. Tandis que les islamistes du PJD, les autres n’en parlons pas, sont à peine convertis, et encore, à la démocratie, Allal El Fassi, au milieu du siècle passé, alors que le Maroc n’était pas indépendant, évoquait la monarchie constitutionnelle et la responsabilité du gouvernement devant le Roi et le Parlement, traitait du  bicaméralisme, du multipartisme et du bipolarisme, analysait les modes de scrutin pour dégager le plus à même d’assurer la stabilité des gouvernements et défendait l’égalité de la femme et de l’homme dans la représentation nationale. Quant au début du troisième millénaire les islamistes s’acharnaient sur la réforme de la Moudawana, Allal El Fassi, en se fondant sur la charia, s’engageait en 1952 dans un appel franc et clair à l’abrogation pure et simple de la polygamie. A dormir debout. Islamistes et puristes de la langue arabe se pressent le citron pour faire tout un fromage du doublage des feuilletons étrangers en dialectal. C’est leur droit de peindre la girafe, mais si ma mémoire est bonne, en dehors des JT en arabe, presque la totalité des programmes (théâtre, films et téléfilms, chansons et jeux, débats et magazines marocains) est en dialectal. Vous l’aurez compris, ils nous racontent des salades en nous prenant pour des poires.

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