Chroniques

Un vendredi par moi

Décoration de deux religieuses espagnoles à l’occasion de la fête du Trône et, je l’apprends par un article de Mohamed Larbi Messari, la clique de la Garde royale qui y joue quelques notes de l’hymne national du Royaume des Borbòn. On pourrait croire que tout est bien dans la plus belle des idylles entre Rabat et Madrid. En même temps, les communiqués de la diplomatie marocaine dénonçant les comportements humiliants de la guardia civil à l’égard de ressortissants marocains et africains rythment l’été marocain. De l’autre côté de la Méditerranée, de la persistance non sans morgue dans la violation des droits de l’Homme et un silence assourdissant de la société civile et des organisations humanitaires espagnoles, d’habitude si promptes à s’enflammer. Il ne faut pas s’en étonner, c’est une constante que seuls les gens de l’AMDH et assimilés ne veulent pas voir. Ces gens là, ceux de l’Espagne pas de l’AMDH, ont le sens de la patrie et de la défense des intérêts de la nation. J’ai lu quelque part qu’à l’égard du Maroc il y a dans la tête de chaque Espagnol un Franco. Exact si l’on précise que dans la tête du défunt caudillo et de son héritage souffle encore l’esprit d’Isabelle la Catholique que le corps de la police et de l’armée est le mieux prédisposé culturellement à reproduire en permanence. Ce n’est guère une injure, mais juste une façon de parler d’un état d’âme qui continue bêtement à vivre la domination de la péninsule des siècles durant par les Arabes musulmans comme une souillure. Et la réaction hystérique contre tout ce qui vient du Maroc comme une thérapie collective. C’est dire qu’au-delà du prochain plan quinquennal algérien qui fait saliver Madrid et peut justifier un durcissement à l’encontre du Maroc, nos relations relèvent de la psychanalyse et leur embrasement échappe souvent à la grille du rationnel. Sinon comment expliquer qu’au moment où des Marocains dans plusieurs villes hissent le drapeau de l’Espagne pour célébrer son titre mondial en football, un seul autocollant aux couleurs marocaines provoque chez sa police la réaction sauvage d’un taureau excité par une muléta forcément rouge. Les Espagnols seraient dérangés par la désignation des deux présides comme deux villes marocaines occupées. Mais pourquoi le seraient-ils plus aujourd’hui qu’il y a cinquante ans, cette qualification étant une invariable du discours marocain ? Une seule explication. Ce que les Espagnols ont toujours cru impossible et impensable est en train d’advenir à Sebta et Mellilia. Non sous l’effet d’une improbable et inconcevable guerre, mais par la grâce d’un développement au pas de charge d’une région que l’Espagne a laissée en 1956 comme elle l’a trouvée en 1912. Lorsque le Roi Mohammed VI l’a décidé, les Espagnols ont voulu croire à un effet d’annonce. Quand ils ont vu que du port Tanger Med à Mdiq, de Saïdia à Nador en passant par Al Hoceima la pâte prend, leurs nerfs ont commencé à lâcher, comprenant enfin que les deux cités occupées, ridiculement qualifiées par des pancartes villes européennes, finiront par tomber de l’arbre espagnol comme des feuilles mortes.

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