Chroniques

Un vendredi par moi

Je n’ai qu’une sympathie très modérée pour Hamid Karzaï, le président que les Américains ont choisi pour l’Afghanistan. C’est pourtant lui qui a trouvé la meilleure réplique au pasteur américain qui a voulu organisé l’autodafé du Coran. Il a déclaré en substance que brûler le Saint-Livre était un acte inutile puisque quoi qu’il advienne il ne pouvait le détruire dans le cœur des Musulmans. C’était bien senti et donc bien dit. Le Coran n’ayant pas été à la base destiné au scripturaire, sa préservation a été confiée à la communauté des «lecteurs» et n’eut été le calife Uthman Ibn Affane, qui a décidé pour semble-t-il, préserver l’unité des Musulmans et de l’Islam, de le consigner dans un livre, le pasteur américain n’aurait trouvé que des mémoires humaines à effacer, ce qui est une tâche autrement moins facile que de formater un disque dur. On pourrait faire dans la polémique. Elle serait si aisée à ce caniveau de débat. Comme dire par exemple qu’il ne faut pas citer le nom du pasteur pour ne pas maculer la pureté de l’encre qui porte les mots et leur donne forme. Ou encore pour ne pas entacher de blasphème la propreté des ablutions. On pourrait aussi ajouter que l’intention du pasteur ne peut étonner, venant d’une culture chrétienne qui a fait, à un moment de son histoire, prospérer les bûchers comme une pratique purificatrice. Mais est-ce vraiment utile ? Je n’aime pas le pasteur américain d’abord pour la simple raison qu’il m’a contraint à formuler les bêtises et les insanités que je viens de proférer. Je m’en repens. Les religions sont innocentes de ce que l’homme leur fait faire. Je n’aime pas le pasteur américain pas plus que je n’aime mes prétendus coreligionnaires qui ont fait de Ground zéro un lieu de mémoire où l’on égrène annuellement les noms des 3.034 victimes expiatoires d’une politique dont ils n’étaient que les témoins passifs. Un autel également sur lequel chaque 11 septembre sont sacrifiés des siècles de rayonnement islamique. Ils ont voulu meurtrir les Etats-Unis d’Amérique. Bravo les artistes qui ont réussi à donner un prétexte à tous les va-t-en guerre de ce pays pour faire de l’Irak, la conscience en paix, un immense champ de ruines et de l’Afghanistan un vaste cimetière. Que de mariages transformés en funérailles, des dégâts collatéraux sans oraison funèbre. Des sourires figés pour l’éternité en rictus douloureux. Des corps sans visage, sans nom, sans prénom. Et même pas des âmes charitables, la chair mortifiée, pour célébrer chaque anniversaire de l’occupation la tristesse de la mort dans l’anonymat. Connaît-on d’ailleurs leur nombre ? Des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers… ? En Irak, en Afghanistan, il semble que quand on hait, on ne compte pas.

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