Chroniques

Un vendredi par moi

Le nouveau concept de la justice lancé par Sa Majesté Mohammed VI à l’occasion de la nouvelle session parlementaire ne peut livrer ses différents contenus que si l’on reprend la philosophie qui a présidé au nouveau concept de l’autorité proclamé en décembre 1999. L’approche resterait toutefois incomplète si on ne la relie pas à la manière dont le Maroc a jusque-là appréhendé la réforme de la justice. Pour mémoire, le nouveau concept de l’autorité s’était fixé deux objectifs fondamentaux. Le premier consistait en «la protection des services publics, des affaires locales, des libertés individuelles et collectives […et] le maintien de la paix sociale.» Le second, plus en relation avec la réforme de la justice, portait sur des institutions «proches du citoyen, proches de ses préoccupations et de ses besoins, entretenant une relation qui ne se caractérise ni par la tentation ni par la crainte mais par le respect mutuel et la complémentarité.» Plus qu’une exhortation, c’était là une invitation ferme au changement des mentalités et des comportements pour placer les sujets de Sa Majesté dans leur dimension humaine et pleinement citoyenne : des obligations et des devoirs à l’égard de l’Etat, mais aussi, et dans le même ordre d’importance, des droits. Restituée à cette continuité naturelle, la réforme de la justice que le Souverain entend mettre au service du citoyen, le choix des mots n’est pas fortuit, prend une dimension jusque-là occultée ou du moins traitée comme subsidiaire. Souvent quand on évoque la justice et sa réforme, on parle d’impartialité et d’indépendance. Deux principes sans doute aucun essentiels au bon fonctionnement de la machine judiciaire mais qui la plupart du temps, selon que l’on est politicien ou investisseur, renvoient aux procès à caractère politique (presse, élections, etc.) et aux conflits commerciaux et financiers. Les rapports internationaux qui font de la situation de la justice une entrave majeure à l’investissement étranger au Maroc, n’ont pas pu contribué à cette perception tronquée des choses. Au point qu’on en oublie que la justice est d’abord et surtout l’affaire de la multitude de petits justiciables livrés chaque jour à la mécanique infernale de celle-ci. Sans rien ignorer du poids de l’impartialité de la justice dans les grandes affaires, ce sont ces citoyens de l’ordinaire que le Roi vient de mettre au centre de la réforme. La tâche n’est pas aisée. Elle relève des douze travaux d’Hercule. Me Naciri, ministre de la Justice, mais auparavant avocat chevronné très au fait des arcanes de la justice, saura certainement, avec le doigté nécessaire mais aussi avec la fermeté indispensable, s’attaquer aux écuries d’Augias.

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