Chroniques

Un vendredi par moi

Ahmed Herzenni, Mohamed Abbadi et Mohamed Darham ou la rencontre improbable. L’un, président du Conseil consultatif des droits de l’Homme, draine derrière lui toute une culture marxo-maoïste. Mais il lui arrive de porter des babouches et une djellaba. L’autre, secrétaire général de la Ligue Mohammadia des ouléma du Maroc, est plutôt versé dans le religieux, il est vrai costume cravate. Ce qui est pour moi juste une façon de dire qu’éclectique il est très ouvert sur son monde. Le troisième, Mohamed Darham, président de l’Entente marocaine pour la culture et les arts, est quelque part à l’intersection des deux. L’opération qu’ils ont entamée ensemble, le rayonnement des droit de l’Homme est l’affaire du politique, de l’artiste et du théologien, procéde d’une agrégation qui vaut au Maroc le titre de pays des contrastes. Je ne sais pas pour l’artiste Mohamed Darham, mais le forcément laïc Herzenni, au sens politique du terme – à moins qu’on nous l’ait changé – et le théologien Abbadi vont devoir mettre au goût de l’universalisme d’aujourd’hui ce que l’Islam comporte de fondamentalement droit-hommiste. Non seulement pour livrer aux Marocains et aux autres la lumière humaine, humaniste et humanitaire du Coran, mais aussi pour créer une culture propre des droits de l’Homme à même de rendre l’Islam à son humanité tant ternie par les extrémismes. Comparaison n’est pas raison, mais Mohamed El Abd Eljbri dans son Introduction au Coran et les trois tomes qui ont suivi pour expliquer le texte coranique en suivant la chronologie de la révélation, s’est donné comme méthode de rendre les signes et les versets à leur contemporanéité historique pour mieux les insérer dans l’actualité du troisième millénaire dans une tentative à peine dissimulée de les libérer des apories qui interdisent leur accès à beaucoup. N’ayant pas encore achevé sa volumineuse œuvre, je ne sais pas dans quelle mesure il a réussi. De toute façon, il n’est pas dit que le collectif des trois organisations va nécessairement adopter la même démarche. Il y a suffisamment de culture et de créativité au sein de ce groupe aussi bien pour sortir les préceptes islamiques de l’aune du premier siècle de l’hégire afin de les mettre à l’échelle des temps modernes que pour ne pas succomber à la facilité du syncrétisme.

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