Chroniques

Un vendredi par moi

C’était tout de même épatant, le 20 février dernier, ces islamistes d’Al  Adl et les basistes d’Annahj, extrême gauche, manifestaient presque côte à côte alors qu’ils sont par ailleurs à couteaux tirés, au propre comme au figuré, à l’Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès. C’est dire tout le patchwork des quelque trente mille manifestants à travers le Maroc, qu’il s’agisse des composantes de  la manifestation ou des revendications qu’elle a formulées. A une requête près, la monarchie parlementaire, j’y reviendrai dans une prochaine chronique, il n’y a pas une seule revendication qui n’ait pas déjà figuré de façon récurrente dans les discours royaux de ces dix dernières années. Pêle-mêle : La réforme de la justice. L’enseignement. L’emploi. Le logement. L’égalité des chances. La garantie des libertés. L’équité. La lutte contre la corruption. Le népotisme. Les rentes de situation et j’en passe ; tout sur directive royale a été mis en chantier. Alors où est le problème ? Car il y a problème. Il n’y a pas lieu de revenir sur la réconciliation nationale ou la mise en place d’un nouveau concept de l’autorité. A mi- parcours de cette décennie, un rapport sans concession sur le développement humain au Maroc a sérié lucidement les problèmes du pays, ses atouts et ses handicaps. De même qu’il a fixé le seul cap de nature à mener le Royaume à bon port. Et dès le début de son règne, Mohammed VI a lancé, assortie d’une obligation de résultat, une politique économique dite de grands chantiers structurants. On les voit aujourd’hui sortir du sol et de la théorie, mais le problème avec ce type de projets c’est qu’ils ne donnent leur plein rendement qu’à long terme. Avec l’INDH apparaît une initiative qui a bien compris que le succès de l’action pour le développement, que la plénitude de la démocratie elle-même ne sont possibles que si elles sont mises à l’abri des remous sociaux pour permettre aux différents agents de développement de travailler ces chantiers structurants dans la sérénité. Même si l’INDH a montré quelques limites, le Maroc est en principe sur la bonne voie en dépit des crises économiques internes et externes. Où est donc le problème ? Il est en bonne partie dans les poches de résistance au changement et les forces d’inertie. Il est aussi en grande partie en nous, tous ! Dans nos habitudes, nos reflexes et nos comportements, pour ne pas dire notre culture. Combien sommes-nous à dénoncer la corruption et à pouvoir jurer en même temps n’y avoir jamais eu recours ? Combien d’agents administratifs à tous les niveaux de la hiérarchie hurlent contre la léthargie de l’administration alors qu’ils en sont les principaux rouages ? Combien ne décolèrent-ils jamais contre le népotisme et y recourent à la première occasion ? Sans parler du flagrant hiatus entre le discours de nos élites politiques, intellectuelles, civiles et leurs attitudes réelles, on peut multiplier à volonté les exemples des postures bipolaires, au sens psychiatrique du terme, pour conclure que oui, nous avons besoin d’une révolution, mais d’une révolution culturelle, pas au sens maoïste, pour donner un peu de cohérence et de congruence à nos discours et agissements.

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