Chroniques

Un vendredi par moi

Un an déjà qu’il nous a quittés. Et il nous manque, Abdelaziz Meziane Belfquih était conseiller du Souverain. Jamais les gauchistes d’Annahj n’ont été si proches des islamistes. Une alliance curieuse mais objective entre l’athéisme excessif et la foi outrancière. Ils ont en commun les mêmes boucs émissaires rendus responsables d’une épineuse situation dont la responsabilité, à des degrés variables, incombe à tous. Même pas l’élégance d’épargner Ahmed Herzenni, ancien président du défunt Conseil consultatif des droits de l’Homme, treize ans de prison pour ses convictions et une vie austère. Pendant que d’autres gémissaient aux auditions publiques des anciens détenus politiques par l’Instance Equité et Réconciliation, Herzenni assumait sa part de responsabilité dans son destin. Il voulait renverser le régime et ne s’attendait pas à ce que le pouvoir lui déroule un tapis de roses, avait-il déclaré en substance. Forcément ça dérange.
Ils ont en commun également la crainte de la joie de vivre et la haine pour le Festival de musique Mawazine. Sous le prétexte fallacieux de la dilapidation des deniers publics. Comme si le festival ne participait pas à la construction de l’image d’un pays dont une bonne partie du PIB provient du tourisme. Pour les islamistes, on le sait, la musique devrait se limiter à chanter la maternité et à louer le Prophète, mais les gauchistes ?
Ils ont en commun enfin la chasse sur le terrain d’autrui. Mais là ils ne sont plus les seuls. Des politiciens de la vieille garde tentent aussi de se recoudre l’hymen en courtisant la jeunesse du 20 février quand ce n’est pas en surenchérissant sur ses slogans. Hélas, l’impudence ne tue pas, sinon le Maroc se serait débarrassé de ces sans-gêne à peu de frais pour faire place à une jeunesse assoiffée d’espace. Retraçons le tableau : des marxistes-léninistes qui ont pris de l’âge, mais qui ne se rendent pas compte que l’idéologie qui les fait vivre a aussi pris des rides bien plus que des pattes d’oie. En principe elle est cliniquement morte. Des islamistes qui réclament la monarchie parlementaire pour flageller les disciples de Bacchus et couper la main des voleurs. Il faut être arriéré mental pour s’allier à ce joli projet de société qui veut créer une société de mutilés. A la traîne, des partis politiques qui essayent de rattraper le temps perdu à composer des combines. Ensemble mais en définitive chacun de son côté et pour son propre compte, ils s’offrent un bain de jouvence en tentant de cannibaliser la  chair fraîche du 20 février. Triste tableau. Ou tableau triste. C’est du pareil au même du moment qu’ils sont tous du même au pareil.

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