Chroniques

Un vendredi par moi

Le Maroc s’est doté d’une nouvelle Constitution. Sa caractéristique principale est qu’elle met chacun devant ses responsabilités. Personne ne peut plus, en s’attachant à la lettre et à l’esprit de la nouvelle loi fondamentale, se défausser sur la conjoncture, les forces d’inertie ou tout simplement sur les autres pour ne plus assumer pleinement ses fonctions. La Constitution est une belle chose mais c’est dans la pratique qu’elle donnera toute sa mesure ou se videra de toute sa substance. Chacun à son niveau, chacun à son poste est appelé à mettre en œuvre les dispositions constitutionnelles selon un seul paradigme : la force doit être du côté de la loi mais force doit rester à la loi. Dans le Maroc de la réalité aucun des deux volets de ce paradigme ne trouve sa plénitude dans l’exécution. Pendant que des forces travaillent à l’effritement de l’autorité de l’Etat, des responsables de différents grades allant du subalterne au supérieur travaillent sous l’emprise du syndrome du fauteuil éjectable. Pas de vagues pas de problèmes. Quand ce n’est pas le fauteuil éjectable qui paralyse c’est la menace d’une manifestation ou d’une grève qui tétanise. Un simple tour dans nos administrations, nos agences, nos bureaux publics et parfois même privés montrerait combien est forte la présence de la culture du laisser-aller laisser-faire. Il est temps de réagir. J’allais écrire il est encore temps de réagir. Pour recycler un slogan à la mode, le crédo devrait être désormais : assume ou dégage.
Trop serré le café ? C’est que j’écris sous le coup de la colère. Ce qui est arrivé à Cheikh Biadillah et à Salah Elouadie à Tinjdad, un patelin perdu entre Guelmima et Tinghir, dépasse l’écœurant. Le respect du lecteur m’interdit de succomber à la vulgarité et la trivialité qu’exige pourtant la situation. Mais qu’il ne s’y trompe pas, cet article est écrit à l’encre de la nausée. On peut penser ce qu’on veut de Biadillah, président de la Chambre des conseillers et secrétaire général du PAM, sauf remettre en cause son intégrité et son honorabilité. Salah Elouadie est à lui seul le concentré du combat d’une famille unie dans la souffrance pour la dignité de l’humain. Lui, dix ans de prison. Son frère, dix ans de prison. Leur père, Alassafi, trois fois en prison pour l’indépendance et trois fois après l’indépendance. Leur mère Touria Sekkat, une grande militante de la première heure, une vie entière à porter le panier aux prisonniers. C’est l’enfant de cette femme et de cet homme, c’est l’autre, Biadillah, un militant de l’unité territoriale, qu’une bande d’énergumènes a voulu humilier parce qu’ils ne pensaient pas comme eux. Ils les ont interdits de parole et ont caillassé le véhicule qui les transportait au risque d’attenter sérieusement si ce n’est mortellement à leur intégrité physique. Ces énergumènes veulent la monarchie parlementaire. Ils ignorent certainement l’étymologie de parlement.

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