Culture

A bâtons rompus : Fatema Boubekdi ou l’art du conte populaire

© D.R

ALM : Cela fait maintenant quatre ans que vous faites de la télévision. N’avez-vous pas eu envie de tâter du cinéma ?
Fatéma Boubekdi :
La télévision, c’est le premier pas. Je considère qu’il ne faut pas se presser et qu’il faut bien étudier chaque démarche. Je ne suis pas de ceux qui se précipitent et qui veulent à tout prix passer au 35 mm pour viser les grandes salles et le grand public. Personnellement, ça ne m’intéresse pas de me lancer aveuglément dans le cinéma sans réellement maîtriser parfaitement les techniques de cet art.

Mais les techniques de la réalisation télévisuelle sont-elles si différentes de celles du cinéma ?
La réalisation télévisuelle a ses spécificités et le cinéma a les siennes. Mais quand on décide de se lancer dans le cinéma, il faut que le scénario soit solide et bien ficelé. Ainsi, cela nécessite beaucoup de temps et de travail. C’est pour cette raison que je préfère prendre mon temps et apprendre davantage de la télévision avant de me lancer dans la production cinématographique.

Avant de décider de vous lancer dans la production de feuilletons télévisés, quel genre de formation avez-vous effectué ?
Une fois mes études supérieures achevées, j’avais la possibilité d’aller poursuivre mes études en Allemagne. J’avais l’intention de faire des études de cinéma. Mais, finalement lorsque j’ai bien réfléchi, j’ai préféré rester au Maroc. Je ne voulais pas courir le risque de la déception une fois de retour. J’avais peur de fonder trop d’espoir sur mon séjour en Allemagne. Ainsi, je suis restée chez moi et j’en ai profité pour réaliser plusieurs stages.
Le premier était l’atelier de formation aux techniques de la mise en scène avec un groupe de cinéastes allemands qui étaient venus au Maroc dans le cadre d’un partenariat. C’est à cette époque qu’ont eu lieu mes premiers contacts avec le film et le métier cinématographique. Ensuite, j’ai eu l’occasion de travailler en tant que script avec plusieurs réalisateurs marocains dont je citerais à titre d’exemple Mjid Rchich, Jamal Belmejdoub et Mohamed Ismaël. C’était une très belle expérience, j’ai beaucoup appris aux côtés des cinéastes.

Quand est-ce avez-vous commencé à réaliser vos premiers feuilletons ?
Il y a de cela près de quatre ans où j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains et de réaliser mon premier téléfilm : « la porte de l’espoir » qui a été diffusé sur la première chaîne. Mais la réalisation de cette première production n’est venue qu’à partir du moment où j’avais un certain bagage intellectuel et artistique. Par la suite, j’étais beaucoup plus confiante et j’ai décidé de poursuivre mon parcours. C’est ainsi que j’ai réalisé « Tiralin » toujours avec la TVM, un feuilleton en arabe classique. Cette production m’a ouvert plusieurs portes et m’a fait connaître du grand public.

On remarque à travers vos feuilletons que vous donnez beaucoup d’importance aux contes historiques et populaires. Pourquoi cet intérêt ?
Oui en effet, j’aime réaliser des feuilletons historiques et sur la base de contes populaires. Je fais cela par amour, mon intention, c’est de conserver notre patrimoine national. C’est quand même malheureux de constater que ce patrimoine risque de disparaître à tout jamais. Mon projet est de contribuer à sauvegarder ce legs artistique et culturel. J’ai senti naître en moi le besoin de faire revisiter ce patrimoine. La génération actuelle n’a pas connaissance des vieux contes populaires. La télévision est donc un moyen pour revisiter ce patrimoine et de le faire connaître aux enfants. C’est une façon de faire renaître ce patrimoine.

Votre grand-mère vous racontait-elle des contes ? Cela vous a-t-il influencé ?
J’ai vécu en effet dans un milieu qui m’a beaucoup influencée dans mes choix. Mon frère qui est scénariste a vécu avec ma grand-mère et donc il connaît tous les proverbes anciens et les contes populaires. C’est lui qui m’a briefé sur toute cette atmosphère. Il a constitué pour moi une véritable source de recherche.

Au Maroc il y a très peu de femmes réalisatrices. Pensez vous que c’est en train de changer ?
Il y a quelques temps, la femme n’était guère encouragée, elle subissait plusieurs pressions. Mais aujourd’hui, je pense que c’est en train de prendre une tournure tout à fait différente. C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de femmes réalisatrices, mais le boom finira par arriver et c’est pour bientôt. Déjà on commence à voir qu’il y a de plus en plus de jeunes filles qui investissent ce créneau de la réalisation. Un créneau qui est assez difficile pour une femme et qui n’est pas donné à tout le monde.

Quelle attitude doit adopter la femme réalisatrice selon vous pour s’imposer et s’affirmer parmi les hommes ?
Certains hommes sentent que la femme est inférieure, mais je pense qu’il faut savoir gérer cela. En exerçant sa profession, la femme doit être très diplomate, elle ne doit pas être rude. Elle ne doit pas faire sentir à son entourage qu’elle est le chef. Elle doit toujours se comporter d’égal à égal avec son équipe. Personnellement, je n’ai pas de problèmes avec mon équipe, tant que je ne me comporte pas en chef, ça se passe bien.

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