Culture

A bâtons rompus : Meriem Jazouli ou la mémoire interrogée

© D.R

ALM : Pourquoi avoir choisi « Temps de chien » comme titre pour votre spectacle chorégraphique ?
Meriem Jazouli : Pour un premier spectacle de danse que je mets en scène j’ai choisi de travailler sur un texte de Milan Kundera. Il s’agit plus précisément d’un extrait de l’œuvre « ignorence ». J’ai voulu m’interroger sur l’instant que l’on qualifie tous de présent et sur une mémoire qui retient ou enfouit tel souvenir ou tel autre.
Ce texte m’a réellement donné envie de travailler sur la mémoire ; mémoire du corps et de l’esprit. Tout comme le texte de Milan, Kundera, la chorégraphie essaie de mettre en scène les différents combats de la mémoire. C’est ce conflit et cette dualité entre temps et mémoire qui m’a en quelque sorte inspiré pour le titre de ma pièce.

Quel est, selon vous, l’intérêt de se baser sur un texte pour réaliser une chorégraphie ?
En fait, on a toujours des idées à la base, mais lorsqu’on lit certains textes, cela nous permet de mieux peaufiner une pensée. Le texte sur lequel on se penche peut nous ouvrir plus de perspectives. Nos idées sont plus claires et on est par conséquent plus inspirés. Mais s’inspirer de, ne veut pas dire copier. Une fois qu’on est inspiré, on peut mieux suivre le fil de notre raisonnement. En outre, réaliser un spectacle à partir d’un texte n’est qu’une technique parmi d’autres qui sont utilisées par les chorégraphes de manière générale.

Qu’est-ce qui est-selon vous, le point fort qui caractérise votre chorégraphie ?
Ma chorégraphie ne peut être que différente des autres. En fait, chacun possède ses propres idées. Moi j’ai voulu pour cette première expérience dans la mise en scène adopter une démarche contemporaine. Je donne beaucoup d’importance à la gestuelle et aux mouvements du corps dans cette pièce. Les danseurs au nombre de deux  sont constamment en mouvement. Leur gestuelle aérienne permet de démontrer la force du temps. C’est, en outre, ce que j’ai voulu transmettre à travers cette pièce. Le tout se joue sur un fond de musique électronique du groupe français Biosphère. Une musique qui reflète l’état d’esprit de la chorégraphie.

Quel a été le commencement de votre parcours artistique ?
J’ai appris les techniques de la danse lors d’une formation à Paris. Je me suis appliquée pendant plusieurs années à pratiquer une danse contemporaine. Lors de mon séjour à Paris, j’ai travaillé avec plusieurs chorégraphes. Une fois que j’ai considéré que j’avais assez appris dans l’univers de la danse en France, je suis retournée au Maroc.
C’est là que je me suis consacrée entièrement à l’enseignement de la danse dans des écoles privées. En parallèle, j’ai pensé à créer cette pièce Temps de chien. Cette chorégraphie est ma première production.

En tant que jeune chorégraphe, quel regard portez-vous sur l’univers de la danse au Maroc ?
Je pense personnellement qu’il y a un univers artistique qui est en train de changer au Maroc. Je considère qu’il y a de plus en plus de jeunes au Maroc qui s’intéressent à la danse. Il faudrait tout simplement que ces jeunes soient encouragés.
Il y a énormément artistes qui regorgent de talents et de potentialités. Il suffit qu’is soient motivés en créant des infrastructures de base. Il n’est pas normal que dans une ville comme Casablanca il y a uniquement le complexe Touria Sekkat et celui de Moulay Rachid qui-et il faut le préciser est payant.

Pensez-vous que la danse est encore considérée comme étant un tabou au Maroc ?
Aujourd’hui, il y a de moins en moins d’apriori sur la danse de manière générale. De plus en plus de familles inscrivent leurs enfants dans des écoles privées de danse.  Par contre ce qui est quelque part décevant, c’est que les conservatoires de musique sont fermés.
On n’y dispense que des cours de musique et de danse classique, la danse contemporaine est, elle, absente des classes.

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