Culture

A bâtons rompus : Retnani : «La subvention tarde à être débloquée»

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ALM : Il y a quelques mois, l’association dont vous êtes le président avait émis un certain nombre de recommandations au ministre de la Culture. Avez-vous eu du répondant ?
Abdelkader Retnani : Sous l’initiative du ministre de la Culture, Mohamed Achâari, nous avons constitué plusieurs commissions de travail et émis un certain nombre de recommandations. Par la suite, nous nous sommes réunis à trois reprises. Ces réunions ont regroupé une vingtaine d’éditeurs les plus professionnels. Les débats étaient très intéressants.
 La dernière rencontre a eu lieu en septembre dernier et nous attendons aujourd’hui la réponse du ministre. Il faudrait qu’il nous donne l’aval pour commencer à mettre en œuvre nos revendications en vue de développer le secteur du livre dans notre pays. Aujourd’hui, la balle est dans son camp.

Quelles étaient au juste ces recommandations ?
Nos recommandations sont très simples. Nous avons en gros exigé la création de nouvelles librairies. Chaque région du Maroc devrait posséder sa propre librairie. 
Nous avons également revendiqué la formation des libraires. Généralement, cette formation ne dépasse pas quinze jours. C’est insuffisant. Il faudrait que la formation soit continue et qu’elle puisse s’étaler au moins sur deux ans. Pour la formation, nous pourrions faire appel à des consultants étrangers pour dispenser quelques ateliers dans le métier de libraire. Nous avons également demandé que les communes achètent des livres. 400 dh par mois suffiraient pour alimenter les bibliothèques des communes. En outre, inscrire les auteurs marocains dans le programme scolaire faisait partie de nos recommandations.

La question de la subvention du livre a-t-elle été réglée et comment ?
Il existe deux sortes de subvention. Celle du ministère de la Culture et celle du bureau du livre de l’ambassade de France. Des remarques sont nécessaires à relever dans ces deux types de subvention. Le ministère de la Culture s’engage à supporter 50% des frais d’impression et oblige l’éditeur de baisser les prix de vente du livre. Chose logique. Mais le problème, c’est que la subvention n’arrive qu’une fois les livres imprimés. C’est là où le bas blesse. A titre d’exemple, nous n’avons, personnellement, pas reçu la subvention du ministère de tutelle depuis octobre 2004. Lorsqu’on leur expose le problème, ils déclarent que c’est le ministère des Finances qui doit débloquer l’argent. Mais nous, en tant qu’éditeurs, nous n’avons pas eu de contact avec ce département, notre interlocuteur c’est le ministère de la Culture. Cette situation fait que jusqu’à présent nous attendons les fonds, alors que nous, éditeurs, nous sommes obligés de payer notre imprimeur dans un délai de 90 jours.

Et quel est votre avis sur la subvention de l’ambassade de France ?
Pour cette subvention c’est différent. Le bureau du livre s’engage à financer 90% avant la sortie et 90% après. Cependant, qu’on se détrompe, ce n’est pas aussi bénéfique qu’on pourrait le croire. En effet, seuls 800.000 DH au total sont consacrés au budget pour le livre. Cette somme est insuffisante. Je dirais même que c’est dérisoire. Cela sans parler de certains traitements de faveur et des relations de copinage qui sont cultivés par les membres de la commission de subvention.

Que préconisez-vous alors pour changer cette situation ?
Il faudrait que nous puissions avoir une sorte d’avance sur recette à l’instar des autres secteurs culturels. Si cette proposition n’est pas réalisable, il faudrait au moins qu’on puisse recevoir nos subventions directement après la sortie des livres.

Lors d’une journée professionnelle au 12ème Salon international de l’édition et du livre (SIEL), il a été question de la création d’une association maghrébine pour protéger les droits des éditeurs. Qu’en pensez-vous ?
Pour être franc, je dirais que je ne crois pas à cette association. C’est une véritable utopie. Je ne pense pas que cette structure verra le jour. Même s’elle arrive à être créée, elle fera long feu. J’en parle par ma propre expérience. Il y a déjà eu auparavant des tentatives similaires, mais qui ont toutes échoué. Sans une véritable volonté politique et intellectuelle, les pays maghrébins ne pourront jamais s’unir autour d’un idéal commun.

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