Culture

A bâtons rompus : «Si je suis sévère, c’est parce que j’aime beaucoup mon pays»

© D.R


ALM : Vous avez sorti récemment un single à la radio et maintenant vous préparez un album. Pouvez-vous nous en parler ?
Jbara : Ce single s’appelle «Finkom». J’y évoque plusieurs icônes qui ont fait l’histoire de la musique (J.Hendrix, Led Zeppelin, Nass El Ghiwan, Bob Marley…) Contrairement à une majorité d’artistes, ceux-là n’avaient pas une attitude exclusivement commerciale. Cette chanson est en quelque sorte un hommage à ces personnalités éminentes qui ont marqué avec leur musique le monde. Ce sont nos pères et on ne peut pas ignorer nos pères et penser qu’ils sont médiocres. Cette chanson figure dans l‘album «El mida» que je prépare actuellement et qui sera dans les bacs fin février. Cet album contient 14 chansons. J’y développe un style que j’appelle «fusion-maroco-marocaine ». c’est un cocktail de différents styles de musique marocaine (Gnaoui, Rai, andalous, chaâbi…), mêlés à du rock et de la World musique.

Quels sont les thèmes qu’évoque cet album ?
Les thèmes abordés dans cet album sont des thèmes engagés. D’une manière ou d’une autre, ils déclinent tous autour du nom de l’album «El mida» (la table). C’est autour d’une table que des décisions traitant du sort du monde se prennent : les guerres celles que l’on voit chaque jour dans les JT ou celles qu’on ne montre pas faites à l’encontre de toutes sortes de groupes et d’individus. Il y a par exemple la chanson «Inyabo» où il est question d’une personne qui réprime et qui combat la liberté, une sorte de dictateur qu’on peut rencontrer n’importe où et qui peut être n’importe qui.  «El mida» évoque aussi une certaine intimité ou encore cet espace convivial et familial autour duquel se réunissent les proches. Dans cet album, quand je parle de l’amour, c’est pour chanter la terre et l’oxygène. Il y a aussi la chanson «Ma andi wali» où je pose le constat d’une société marocaine qui rompt de plus en plus avec les valeurs qui faisaient sa particularité à savoir : la solidarité, l’entraide, l’hospitalité… On est devenu individualiste, matérialiste et on suit l’exemple de la société occidentale en courant. Mais si je suis sévère, c’est parce que j’aime beaucoup mon pays.

Comment voyez-vous la situation du secteur musical au Maroc ?
Le secteur musical et la création artistique en général au Maroc ont remarquablement progressé ces derniers temps. Allant du proverbe connu, «Le borgne est roi dans le pays des aveugles », je vous direz qu’autrefois, la situation des artistes était celle «des aveugles». Aujourd’hui, elle a évolué en devenant celle des «borgnes». Ça a changé, mais la situation est toujours pas claire. Tant que les artistes n’auront pas accès à leurs droits d’auteur, il sera difficile pour eux de vivre dignement. À part une petite minorité, une grande partie d’artistes marocains ne reçoivent jamais leurs dus, malgré que ceux-ci soient versés au Bureau marocain des droits d’auteur (BMDA) par différents supports même les français alors qu’ils devraient les verser directement aux artistes concernés. Pour l’instant, ces  derniers doivent trouver des solutions pour récupérer leurs droits. Et si le BMDA n’assure pas cela, autant le privatiser comme c’est le cas dans d’autres pays. Je propose que chaque artiste octroie une part de ses droits d’auteur à toutes sortes d’associations de bienfaisance, donc celles-ci plus organisées pourraient parvenir à les récupérer.

Quelles sont vos projets ?
Je serais en concert le 29 de ce mois au Théâtre Mohammed V aux côtés du groupe Casacrew, Fnaïre, Stef Ragaman et d’autres… Et actuellement, je travaille sur la bande sonore du prochain film de Saïd Azar. Aussi je collabore avec différents artistes, notamment la chanteuse Firdaws pour la sortie de son deuxième album et le groupe de rap et reggae «Tiraline» qui prépare sont album.

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