Culture

À Hong Kong, pour prévenir la grippe, le serpent a la cote

© D.R

Pour prévenir la grippe, Mak Tai-kwong, 80 ans, vendeur de reptiles, a un secret: il avale de la bile de serpent. Comme lui, de nombreux Hongkongais se tournent vers la médecine chinoise, plus efficace contre le virus, assurent ses adeptes, que la médecine occidentale. Surnommé «Big Snake Mak», M. Mak veille jalousement sur les serpents qu’il conserve dans des cages et des bassines dans sa boutique plus que centenaire de Sheung Wan, quartier commerçant du centre de Hong Kong.
Les serpents, dont 90% arrivent de Chine, sont destinés à être cuisinés, ou à servir de traitement contre toute une série de maladies. «Si l’on consomme de la bile de serpent quatre à cinq fois par an, le corps renforce ses défenses et on réduit le risque de contracter la grippe», assure le vieil homme, qui semble de fait en excellente santé. Dans une ville de 7 millions d’habitants, particulièrement sensible au risque infectieux, depuis l’épisode meurtrier de pneumopathie atypique (SRAS) en 2003, la médecine chinoise conserve de nombreux adeptes, certains Hongkongais se méfiant des effets secondaires de la médecine occidentale. «La médecine chinoise constitue un bien meilleur traitement contre la grippe par rapport à la médecine occidentale, en termes d’efficacité, de contrôle des symptômes et d’absence d’effets secondaires», assure Bian Zhao Xiang, directeur de la clinique de médecine chinoise à la Baptist University de Hong Kong. Alors que le nombre de patients atteints de grippe a augmenté de 37% sur le dernier semestre 2010 par rapport à la même période de 2010, l’université, face à la demande grandissante, prévoit d’investir 800 millions de dollars de Hong Kong (75 millions d’euros) dans la construction d’une clinique universitaire pour l’enseignement de cette discipline. Pour la première fois à Hong Kong, la clinique disposera également de chambres pour accueillir des patients soignés selon la médecine traditionnelle. «Dans la médecine chinoise, chaque patient reçoit un traitement personnalisé, prescrit sur mesure et adapté à chaque organisme», ajoute M. Bian. Les preuves scientifiques de l’efficacité de ces traitements sont peu nombreuses mais de nombreux Chinois croient dur comme fer à la supériorité de ces soins par les herbes, les champignons ou les organes de certains animaux. L’objectif de cette médecine millénaire est de rétablir ou conserver l’équilibre entre les énergies Han (froid) et Re (chaud) du corps, le tout s’accompagnant d’un régime alimentaire spécifique et de séances d’acupuncture. «Les traitements de la médecine occidentale ont un effet plus rapide mais ils s’accompagnent souvent de nombreux effets secondaires», témoigne Vincent Du, un photographe indépendant, qui soigne par les méthodes ancestrales, depuis l’enfance, un asthme chronique. Les autorités chinoises et hongonkgaises, elles-mêmes recommandent à leurs citoyens d’utiliser des concoctions de plantes pour lutter contre la grippe. Pour certains, même les aliments les plus basiques comme l’ail, le gingembre, les oignons et le vinaigre sont efficaces. Pour protéger les consommateurs face notamment à des doutes sur les conditions de production, le gouvernement de Hong Kong a adopté en décembre une réglementation qui interdit les remèdes chinois non enregistrés et prévoit pour les contrevenants amendes et peines de prison. Cela n’a pourtant pas empêché la découverte récente dans certaines officines de Hong Kong de médicaments traditionnels contrefaits ou ne contenant pas les plantes annoncées, un mal qui touche aussi ce secteur.

  Joyce Woo (AFP)

Articles similaires

Culture

Dans le cadre de la Journée Internationale du livre : L’IC organise la Semana Cervantina 2024

L’Institut Cervantès de Casablanca célèbre la Semana Cervantina 2024 avec différentes activités...

Culture

Ouverte au public du 18 avril au 6 mai 2024: La Fondation BMCI et la galerie 38 lancent «Vogue»

La BMCI, à travers sa Fondation et en partenariat avec la Galerie...

Culture

«Moroccan badass girl» de Hicham Lasri à l’assaut des salles nationales

Il évoque la pauvreté, le chômage et le désespoir de la jeunesse

Culture

«Disciples Escoffier Maroc» : Un rendez-vous gastronomique à Rabat

Organisé autour de la transmission à travers les femmes

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux