Culture

A la une : Art, les vrais et les faux repères

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Durant ces dernières années, on a vu créer autant de syndicats, organiser autant de sit-in, publier autant de «lettres ouvertes»… Est-ce le retour de l’ère du feu Prolétariat ? Sommes-nous en train de vivre un remake des célèbres années de plomb? Qu’est-ce qui serait à l’origine de ce «sursaut» dans le «dortoir» artistique ? Explication : à l’arrivée en 1998 du poète Mohamed Achaâri à la tête du ministère de la Culture, un des dossiers les plus sensibles de ce Département a été ouvert : celui qui concerne la politique de l’aide publique à la culture. Par souci de garantir à cette politique un seuil de transparence, -et pour rompre avec la manière dont l’argent public était distribué sous l’ancien système, il a été procédé à la création de commissions dont la tâche, qui est organisée par un cadre juridique clair, consiste en l’examen des dossiers de candidature pour bénéficier de l’aide publique à la culture. Alors naturellement, cette démarche devait rassurer les milieux concernés.
Or, il s’est trouvé que certains n’étaient pas contents. Nostalgiques de l’ancienne époque, où la rente et autres traitements de faveur étaient monnaie courante, ces derniers voyaient d’un mauvais œil le fait que l’heure n’était plus à l’assistanat, qu’il fallait mettre la main à la pâte pour mériter l’argent public.
Et puis, il y a cette jeune génération d’artistes qui a le vent en poupe et dont le succès dérange. Si à cela, on doit ajouter le fait que les produits des « vieux pépés », en tout cas leur majorité, sont passés de mode, qu’ils n’ont pas assez fait pour se remettre en question, pour se renouveler, on comprend pourquoi ils font aujourd’hui de l’agitation. Abdelkader El Badaoui s’est récemment fendu de plusieurs articles pour dénoncer la politique d’aide publique au théâtre, comme le laisse entendre le titre d’un récent article «Lettre ouverte au ministre des Finances »!.
Dans cet article, cet homme de scène s’interroge sur le soutien apporté à la troupe du Théâtre national de Rabat (Mohamed El Jem), arguant que cette troupe exploite à fond les moyens de ce Théâtre pour réaliser ses objectifs. Remarquez que M. Badaoui ne proteste pas seulement contre l’Etat, mais contre la troupe d’un collègue dont le «tort» est d’avoir simplement réussi sa carrière ! Hassan El Joundi pilote depuis le Ramadan dernier un syndicat, né rien que pour contrer la percée remarquée du Syndicat national des professionnels de théâtre. Mustapha Baghdad, président (à vie !) du Syndicat libre des musiciens marocains, trouve dans cet organisme un instrument d’auto-représentation, tant et si bien que l’on ne sait plus si ce monsieur est là pour servir ou se servir. Censé défendre les intérêts des artistes, «son » syndicat aurait mieux fait de s’appeler « agence de spectacles ».
Ce syndicat, paraît-il, s’est découvert une spécialité dans l’organisation des festivals. Tâche qui n’est d’ailleurs pas forcément du ressort d’un syndicat. Il en va ainsi d’Abdellatif Zine qui, profitant de son statut de « leader » syndical, a transformé une exposition publique, organisée dernièrement au Forum de Casablanca, en souk digne d’une criée publique ! Le problème maintenant est que ces «procédés» portent la signature de «leaders» syndicaux, qui sont censés donner l’exemple, servir de repères pour les jeunes générations ou les générations à venir. Qu’ont-ils laissé à ces générations, sinon les dégâts de batailles inutiles, tant elles se déroulent autour d’intérêts personnels et étroits.

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