Culture

A la une : Fils de pub

Les artistes seraient-ils des fils de pub ? Drôle de filiation. Elle est d’autant moins légitime que la pub s’est révélée une mauvaise maman.
Pour elle,  l’image  d’un artiste,  l’unique ressource de ce dernier, vaut moins que celle d’un gadget, qu’il soit ce détergent qui « lave plus blanc que blanc » ( !), ce shampoing qui fait mousse, cette boisson qui gaze, sans oublier, entre autres bidules, ces portables dont on nous bombarde à coups de spots, tellement c’est devenu insupportable. Alors zappons, le commun des téléspectateurs est assez gonflé comme ça par le matracage «odieux-visuel ».
Que peut gagner l’artiste de la pub ? Certes, de l’argent. Il en a besoin, on le sait, pour faire face à des jours difficiles. Il ne peut, on le comprend, s’en passer, quand on sait que l’art ne lui permet pas de vivre suffisamment. Dignement. Mais voilà, ce qu’il gagne en termes de sous, il le perd en termes de réputation.
En acceptant que son image de marque soit exploitée à des fins mercantiles, au mépris des valeurs mêmes qu’il est appelé à défendre, il devient à son tour l’esclave de cette belle époque de marketing. Bien sûr, cela n’arrive qu’aux artistes marocains d’avaler les couleuvres… de la pub. Plus encore, on a vu même des stars internationales, a fortiori super-riches, se livrer au jeu… Comme vous, on se demande pourquoi ces célébrités des milieux d’art jouent le jeu, sachant bien qu’ils ont des fortunes colossales et une popularité qui déborde les frontières de leurs pays. La pub serait-elle une autre manière de faire de l’art ? Admettons. Mais ce qui est sûr, c’est que l’art n’est pas pris comme une fin en soi. Il est utilisé, uniquement, c’est-à-dire iniquement, comme le moyen de drainer des sous. Preuve alarmante d’un opportunisme crasse, certaines gens de pub ne font pas cas des valeurs que l’art doit véhiculer. On a même vu des théâtres détournés en souks à promouvoir des GSM. Si, alors, la pub fait injure à ces valeurs, comment peut-elle prétendre être elle-même un art?
Une chose reste sûre : ces valeurs ne sont pas cotées en Bourse. Alors, autant les fouler aux pieds. Au-delà des valeurs, c’est celui qui est supposé les défendre qui paye de sa crédibilité. A partir du moment qu’il accepte qu’on utilise son image au (seul) service du dieu Pub, n’accepte-t-il pas de piétiner ces idéaux mêmes qu’il doit défendre ? Du moment qu’il accepte de travailler dans une pub, par définition mensongère, ne sacrifie-t-il pas à l’exigence de vérité ? Peut-on encore le croire, après l’avoir vu se livrer à un exercice de manipulation ?
Autre preuve troublante d’opportunisme, les gens de pub, de ce côté, savent que l’artiste marocain vit dans la précarité et que, du coup, il n’est encore pas en mesure de dire NON à une offre de pub, mais ils ne font rien pour que son image, son moyen de survie, soit utilisée de façon à respecter les règles de l’art, que sais-je, l’éthique, la déontologie… Mais passons, il y a le plus grave. La société, trop souvent, en prend pour son grade. Un exemple pour illustrer une dérive monnaie courante : la femme marocaine n’est montrée qu’à côté des machines à laver, des plats et autres chiffons. Moralité : Toutes les Marocaines sont des femmes au foyer. Un cas hallucinant de machisme qui, paradoxe des paradoxes, se présente même après la réforme du Code de la famille ( !).
Vivement alors le recours à la pub…

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