Culture

A la une : Folklore

Si l’heure n’était pas grave, on s’en serait marré comme vous. Il y a de quoi, dites-vous. Bon, puisque vous y avez l’esprit, allons-y. Prenez l’un de vos moments gastronomiques privilégiés, un « f’tour », un repas de midi, peu importe.
Tout en vous recommandant de garder un œil sur votre table hyper garnie, daignez porter le second sur la petite lucarne. « TVM » ou 2M, c’est kif-kif. Que voyez-vous? Descriptif : un maestro avec sur les bras un «rebab», entouré de messieurs qui entonnent à n’en plus finir des onomatopées genre « Ya lalan, ha nanan»… Dans le décor, une bouilloire, une théière et, sur la table, la légendaire « gryiba ».
On vous voit, d’ici, pouffer… de rire. Avec vous, on dira qu’il y a de quoi. De quoi, alors ? Détrompez-vous, ce n’est pas de «tarab al-ala». Mais de notre téloche qui, en présentant, ainsi et éternellement, ce genre de musique très noble, elle a cru, sinon l’avoir réinventé, ce qui relèverait de l’hérésie pure et simple, du moins l’avoir fait aimer. L’horreur, quoi. Le bidule, qui nous sert de petit écran, ne voit la musique andalouse que là où il y a le tube digestif. Vous trouvez-vous autour d’un plat, elle croit bon vous fourguer un morceau de «tarab al-ala».
Avec ce morceau, la bouffe passerait mieux ! A voir encore le machin chose, un téléspectateur averti se résoudra à conclure que ce «tarab», a contrario des autres genres musicaux, n’adoucit pas les mœurs. Ce bidule lui aurait trouvé une autre utilité, «anesthésique» pour emprunter un terme au jargon médical. Servie éternellement après le repas de midi, la musique serait une belle potion pour satisfaire les amateurs des siestes prolongées.
Au lieu d’éveiller les sens, la musique andalouse, à en croire cette non moins belle invention de nos deux chaînes-sœurs, participerait carrément à leur endormissement. D’un point de vue strictement musical, l’ineptie crève encore l’écran. La musique andalouse est réduite à sa simple et néanmoins révoltante expression sonore. Phonétique. Du vent, rien que du vent, surtout du vent. « Tarab al-ala » ne serait plus cette expression poétique d’une culture dont les racines trempent profondément dans l’histoire arabo-andalouse qui a rayonné des siècles durant sur la péninsule ibérique.
Cela, tout cela, ne semble pas être vu d’un même œil. Pour notre PAM, il paraît qu’il s’est donné pour tâche de vider notre patrimoine de son contenu. Il a assez folklorisé ce patrimoine, en l’utilisant pour meubler le décor. Pour maquiller le néant programmé dans le cadre de ce qu’il appelle la « grille des programmes ». Conseil d’hygiène : en ce mois de Ramadan, abstenez-vous non seulement de manger mais aussi et surtout de regarder cette télé-là. Elle est indigne de l’intelligence des Marocains.
Nous y reviendrons…   

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