Culture

A la une : Grandes gueules

Même sur son lit de mort, le regretté Zef-Zaf n’a pas oublié. «Quoi de neuf, si Mohamed ?». Et de répondre par un sourire qui cachait à peine son amertume : «Je viens d’achever l’écriture d’un roman intitulé “Les Grandes Gueules”, me fait-il. Du coup, me vient à l’esprit ce que ce grand romancier qualifiait de «ratés de l’Ecole» ! Forts en gueule, ils squattent les tribunes, râlent dans les «con-férences», quémandent des espaces sur les colonnes des journaux, crânent devant les caméras de télévision, prennent plaisir à s’entendre parler, à faire des phrases, à aligner des mots… Peu importe si leurs paroles soient vides de sens, que leur prose n’intéresse personne, que les gens, au nom de qui ils parlent, ne se reconnaissent pas dans leurs « discours »… Ce qui compte pour eux, c’est de parler.
En dehors du creux sonore, -pauvres d’eux-, ils n’ont réellement pas d’existence ! «Je parle, donc je suis ». Descartes s’en serait pas mal marré dans sa tombe, il suffit de parler pour se dire qu’on existe. Ah, bon ! Tant pis alors pour ceux qui ont pris le pari formidable et néanmoins ingrat de penser, d’agiter des idées, d’imaginer, de se passionner, de mettre en perspective… pour inventer l’avenir. Paradoxe de cette belle époque de rien, ces derniers n’ont pas voix au chapitre. Ils ne savent pas faire du « bruit » pour se faire remarquer, pour attirer l’attention, braquer les projecteurs… Alors, on les oublie, au profit de ceux qui ont « l’art » de parler pour ne rien dire.
Mais si, ces spécialistes de la parlotte ne sont pas si « bêtes » que ça. Leur agitation a un prix, ils ne la font pas pour rien. Le texte n’est qu’un prétexte pour faire chanter l’Etat. « Si vous voulez que l’on se taise, eh bien que l’Etat mette la main à la poche », semblent-ils dire. Toutes les surenchères sont bonnes pour « embarrasser » cet Etat. Et vas-y que je te tartine des laïus-marathon sur « la misère », l’ « abandon », la mort à petit feu de ces artistes, qui s’en vont dans l’indifférence totale de «l’Etat», qui laissent derrière eux des gosses à qui cet «Etat» ingrat ne veut pas s’intéresser… Evidemment, vous connaissez la vieille chanson : mais passons, il y a le plus grave. Même s’il arrive à cet « Etat » de donner suite aux revendications des artistes, rien n’y fait. On a vu « ça » avec la création, par exemple, du Fonds d’aide à la production et à la promotion du théâtre.
Vieille revendication des gens de théâtre eux-mêmes, ce Fonds d’aide fera l’objet d’une attaque sans précédent ! « Bof, ce Fonds a eu pour résultat de créer une forme d’assistanat », disent ces grandes gueules qui veulent bien cracher dans la soupe. Résumons : Mais que veulent-ils, à la fin ? Là, quelques nostalgiques du bon vieux système de rente veulent bien verser une larme militante. « Euh, nous les pionniers, on a beaucoup fait pour le théâtre, par conséquent on doit être automatiquement rémunérés », exigent-ils.
On a beau raisonner ces gens-là, leur dire que le Fonds n’est pas une fin en soi, que l’argent public est censé aller au théâtre, que la production théâtrale devrait être rentable et par conséquent permettra aux gens qui en vivent de se faire de l’argent. « Cause, tu nous intéresse» ! Ces gens-là ont du mal à comprendre que l’époque où l’Etat était comme une « vache-à-traire » est révolue.
Dieu que c’est anachronique…

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