Culture

A la une : Insoutenable

Un "folklore", comme "certains" se complaisent à la présenter. A la télé, ou à la radio, sans oublier certains "festivals" en mal de connaissance, elle est produite non pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une part vivante et incontournable qui doit représenter, aux yeux de tous les Marocains, en dehors de toute distincion d’accent, un motif de fierté.
Or voilà, le traitement de ce legs, né dans le sol marocain, et qui de ce fait reste une propriété de tous les Marocains, dénote un mépris scandaleux. Parlons vrai, dans ce traitement méprisant/méprisable, il y a une grande responsabilité de ce paysage, passez-moi l’expression, "idio-visuel", auquel on a "droit". Lors des inénarrables soirées de samedi, les artistes amazighs, musiciens, chanteurs et poètes compris, sont traités comme des "vestiges" d’une époque révolue, quand ce n’est pas comme des "créatures étranges". La légereté avec laquelle ce patrimoine est considéré a eu pour conséquence, désastreuse, de conditionner une opinion qui ne voit dans la chanson amazighe que sa façade, ignorant que cette chanson, au-dela de sa valeur artistique incommensurable, de son statut de document sur le mode de vie des compatriotes amazighs, récèle des richesses poétiques inestimables.
Cette ignorance se nourrit, d’un autre point de vue, du manque de traduction de la poésie amazighe, ce qui représente, aux yeux des arabophones, un obstacle majeur à la connaissance d’une littérature qui se distingue par une simplicité et une concrétude désarmantes, sachant bien que le poète amazigh a su rester proche de son environnement, chantant la beauté et de la femme et de la nature dans laquelle il vit. Une poésie débordante de vie.
Autant que les rythmes et les voix ensorceleuses qui la portent. Du point de vue des rythmes, il y a, dans la chanson amazighe, une diversité qui n’a d’égale que ces contrastes naturels de notre si beau pays: Ahidouss qui est propagé dans le centre du Maroc partant de l’ouest de l’Atlantique jusqu’à l’est d’Errachidia, des plaines de l’ouest jusqu’à R’hamna, Chiadma et Abda; Ahwach, né et pratiqué dans le sud nordique du Maroc (Essaouira, Marrakech, et Ouarzazate); Al Gadra, un style dont le berceau se trouve dans le Sahara marocain; Laâlaoui et El Mangouchi, qui règne dans l’Oriental (Oujda) et dans le nor (Al-Hoceima, Taza et régions). Une véritable mosaïque de rythmes qui, hélas, n’est toujours pas appréciée à sa juste valeur et qui, à défaut de sauvegarde, risque d’être sérieusement affectée, ce qui tronquerait le Maroc d’une part considérable de ses richesses patrimoniales.
Une action s’impose donc, pour réhabiliter un héritage mais aussi lui donner les moyens de son développement. C’est d’autant plus urgent que les symboles, qui sont les dépositaires de cet héritage, s’en vont les uns après les autres, enterrant avec eux les secrets d’un mode traditionnel amazigh d’une importance capitale.

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