Culture

A la une : Pourquoi le Maroc séduit les producteurs étrangers

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ALM : Le Maroc exerce un attrait particulier sur les cinéastes étrangers. Qu’est-ce qui serait à l’origine de cet attrait ?
Abdelouahad Bennani : Il y a d’abord l’atout majeur des paysages. Le Maroc offre de remarquables contrastes naturels, on y trouve un peu de tout : montagnes, neige, désert… A cet atout, il faut ajouter les facilités que notre pays offre aux producteurs étrangers, au niveau des démarches administratives aussi bien que des mesures réglementaires (exonération d’un taux de 20% sur les dépenses effectuées au Maroc, cela représente le 1/5 du budget investi au Maroc, ce qui n’est pas négligeable). A ces atouts, il faut ajouter l’infrastructure cinématographique dont dispose notre pays. Les studios au Maroc offrent une logistique nécessaire au tournage d’un film (décors artificiels : momies, pyramides, monuments, etc). On pense aux studios d’Ouarzazate (Atlas, Kan Zaman, Cinecitta),  « Cinédina » situé dans les environs de Casablanca …   
 
Quels engagements un producteur étranger doit remplir pour pouvoir tourner au Maroc ?
Ce producteur peut s’adresser à une société de production nationale agréée par le Centre cinématographique marocain (CCM). Je précise que, sur un total de 270 sociétés de production nationales autorisées, seulement une trentaine ont l’agrément du CCM. Un producteur désireux de tourner au Maroc n’a pas à passer nécessairement par le CCM, il suffit de prendre contact avec un producteur marocain agréé. Ce dernier devient l’interlocuteur de la société de production étrangère auprès du CCM.

En quoi consiste alors le rôle du CCM ?
Le CCM possède un guichet unique, à qui revient le droit d’intervenir auprès des Forces Armées Royales (FAR), de la Gendarmerie Royale, de la Sûreté nationale, de la Direction du patrimoine (ministère de la Culture)  Cette intervention se fait dans l’objectif de mettre à la disposition du producteur étranger, du matériel militaire (en cas de besoin), assurer la sécurité de l’équipe de tournage, faciliter les tournages sur des sites historiques … Le CCM intervient également auprès de la Douane pour faciliter le transit du matériel, au niveau de son entrée aussi bien que de sa sortie, pour apurer les comptes.

Les productions étrangères sont-elles soumises à des impôts ?
Elles sont exonérées de la TVA. Cette exonération s’explique par le souci d’encourager l’apport de devises au Maroc, elle permet également à notre main-d’œuvre de prendre du service, sans oublier les retombées indirectes sur la promotion du tourisme, les opportunités de formation au profit de nos techniciens…
Maintenant, en ce qui concerne les conditions qu’un producteur étranger doit  remplir pour tourner  son film au Maroc, elles se résument tout simplement à l’obtention d’une autorisation de tournage auprès du CCM et l’ouverture d’un compte bancaire en devises convertibles en dirhams. Cette exonération s’applique à toute dépense égale ou supérieure à 5000 dhs. Ces documents permettent d’obtenir auprès du service des Impôts une attestation qui exonère du payement de la TVA.

Combien sont payés les techniciens marocains sollicités par des producteurs étrangers ?
Le CCM a établi un barème de salaire minima en accord avec les Chambres professionnelles des métiers de cinéma, en l’occurrence la Chambre marocaine des producteurs de films, le Groupement des acteurs, réalisateurs et producteurs et la Chambre marocaine des techniciens de films. Les taux fixés par ce barème varient entre 2000 et 8000 dhs (par semaine). A titre d’exemple, un 1er assistant-réalisateur peut percevoir 5000 dhs, directeur de la photo (8000 dhs), ingénieur de son (7500 dhs), chef-maquilleur (5000 dhs), chef-décorateur (6000), chef-machiniste (4000 dhs)… Ce barème est indiqué à titre de référence, le contrat conclu entre le technicien et la société de production peut aller au-delà de ces sommes.

Ce barème s’applique-t-il également aux acteurs ?
L’acteur ne relève pas de la compétence du CCM. La loi N 39-01 relative à l’organisation de l’industrie cinématographique concerne uniquement la production, la distribution et l’exploitation des films.
S’agissant de production, cette loi ne fait référence qu’aux collaborateurs dans la fabrication d’un film, en l’occurrence les techniciens détenteurs de la carte professionnelle.
Ces collaborateurs ne peuvent être engagés dans la production d’un film que s’ils sont détenteurs de cette carte.
De ce fait, les acteurs ne sont pas régis par cette loi. Ils ont un syndicat qui a pour tâche de les défendre et les encadrer.

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