Culture

Abdellatif Hilal : «C’est le quartier qui m’a bercé et qui m’accueille à l’automne de ma vie»

© D.R

ALM : Quel rapport avez-vous avec Derb Sultan ?
Abdellatif Hilal : J’ai avec Derb Sultan une relation d’amour éternelle. C’est le quartier qui m’a bercé tout petit et qui m’accueille chaleureusement à l’automne de ma vie. Je me rappelle au quotidien de mes souvenirs liés à ce quartier et de chaque moment passé dans tous ses détails. Derb Sultan a joué un grand rôle dans ma vie. C’est grâce à son mouvement, aux activités exercées dans ce milieu et à la simplicité de ses habitants que j’ai pu démarrer ma vie sur de bonnes bases.

Que retenez-vous de cette période ?
Je retiens essentiellement la convivialité qui régnait entre les familles. Toutes les portes étaient ouvertes. Le respect était le maître mot des rapports entre voisins. Quand on était enfants, on écoutait les conseils des grands. On n’hésitait pas à aider les grands-mères à porter leurs lourds sacs venant du souk. Aussi , il suffisait à la ménagère qu’elle dépose sa planche de pain au seuil de la maison pour qu’on court l’apporter au four de la rue . Des gestes très significatifs que malheureusement on a perdu aujourd’hui.

Quelle est la différence entre Derb Sultan d’hier et celui d’aujourd’hui ?
Une grande différence. C’est le déphasage total. Auparavant, on pouvait sortir, femme ou homme, à une heure tardive de la nuit sans même se soucier du moindre danger. Aujourd’hui, l’insécurité et la délinquance règnent à Derb Sultan. Ce quartier connaît, de nos jours, un large taux de criminalité et aussi de pollution. Et pour cause, l’exode. Jadis, les gens étaient authentiques. Ils réussissaient à vivre en toute harmonie avec l’air du temps. Actuellement, les choses se passent différemment. Tout est basé sur le paraître et un goût prononcé pour tout ce qui est matériel. Ce qui pousse l’individu à tenter toutes sortes de débauche pour arriver à ses fins.

Si on vous demande de nous faire visiter Derb Sultan. Pour quel lieu opteriez-vous ?
Bien que toute ruelle à Derb Sultan porte en elle un souvenir, j’opterai pour Al Ahbass. Cette zone a une particularité singulière. Son architecture la distingue des autres quartiers de Casablanca. On y ressent une chaleur particulière. C’est l’histoire du Maroc qui se narre à travers chaque boutique et chaque demeure. Mon choix n’est pas fortuit. Car, outre son aspect architecturel, Al Ahbass se veut l’unique quartier propre de Casablanca.

Quels souvenirs gardez-vous de Derb Sultan ?
Les souvenirs qui sont gravés dans ma mémoire sont relatifs au commissariat d’El Baladia. J’habitais devant ce poste de police qui a été sujet à plusieurs attentats à la veille de l’indépendance. On avait droit à un film d’action au quotidien ( Rires). Les militants prenaient pour cible ce commissariat pour riposter contre le protectorat. De même, les agents français nous imposaient des couvre-feux. Curieux, je guettais chaque opération de ma petite fenêtre.

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