Culture

Abdelmalek Andaloussi  : «La taktouka est d’origine orientale»

© D.R



ALM : Comment avez- vous découvert la passion pour l’art de la taktouka jabalia ?
Abdelmalek Andaloussi :
J’ai débuté au théâtre, j’ai suivi un stage de formation à l’art théâtral à la Maamoura sous la direction de Tayeb Saddiki. J’ai constitué en 1968 avec d’autres jeunes passionnés de théâtre la troupe « Choumoue Al Masrah » (Les bougies du théâtre) à Tanger. Nous avons participé en 1973 au Festival national de théâtre amateur de Meknès, nous y avons obtenu le premier Prix avec la pièce de théâtre «Oustourat 73 » (La légende 73). Ce qui nous a permis de représenter, la même année, le Maroc lors du 1er Festival des jeunes organisé en Tunisie.
Nous avons eu par la suite des ennuis avec les autorités à cause des thèmes que nous traitions. Nous avons été ainsi contraints en 1977 d’arrêter nos activités. Je me suis retrouvé seul et j’en ai profité pour écouter des chansons des grands chanteurs classiques arabes et marocains, de Jil Jilala et Nass El Ghiwane. J’ai senti grandir en moi une autre passion pour la musique. Et comme je suis originaire de Jbel Lahbib, j’ai décidé de me consacrer à la aïta et à la chanson populaire jablia.

Et quelles étaient vos influences ?
Je voulais d’abord suivre des cours en musique. Mais comme je ne comprenais pas le français, je n’ai pas pu m’inscrire au Conservatoire de Tanger dont les cours étaient dispensés en cette langue. J’ai appris ainsi la musique sur le tas. Mais pour approfondir mes connaissances dans l’art de la aïta jabalia, j’ai décidé en 1984 de voyager dans les tribus de Jbala (montagnards) notamment Jbel Lhbib, Béni Arouss, Béni Guerfet, Lanjra et Lakhmass. J’ai été reçu par les célèbres chioukh de la aïta jabalia. C’est ainsi que j’ai rencontré cheikh Ahmed El Guerfti à Jbel Lahbib. Il m’a encouragé de poursuivre mes recherches dans cet art populaire traditionnel. J’en ai profité pour lui montrer mes textes et compositions qui lui ont plu.

Est-ce que ces voyages dans les tribus des Jbala ont pris beaucoup de temps  ?

Je n’ai jamais arrêté mes visites à ces régions. Ma vie a, effectivement, chargé le jour où j’ai rencontré cheikh Ahmed El Guerfti. J’ai intégré son groupe en tant que compositeur et parolier. Mais j’ai fini après quelques années de constituer mon propre groupe à qui je lui ai donné le monde «Majmouat Chamal» (Ensemble du Nord). J’ai participé avec les membres de mon groupe dans des manifestations au Maroc et à l’étranger.

Vos œuvres sont les plus vendues. Avez-vous rencontré durant votre carrière des moments de déception ?
Mes débuts étaient très difficiles. Car j’ai voulu toujours que mes textes traitent de différents thèmes tels la cause palestinienne et l’émigration clandestine. Mon style a suscité à cette époque beaucoup de critiques. Ce qui ne m’a pas empêché de travailler avec des célèbres chanteurs de la aïta et les chansons populaires des Jbala dont Hajji Srifi, Karima Tanjawiya, Latifa Laaroussia et Chama. La chanson «Twahachtek Al Walida »(Ô ma mère tu me manques) que j’ai composée à cette dernière a rencontré un grand succès. J’ai réussi grâce à Dieu et à beaucoup de sacrifices à avoir une place dans cet art. Mes œuvres sont actuellement les plus vendues. J’ai composé plus d’une dizaine de chansons de la aïta et plus de 200 chansons populaires jablias.

Vous avez affirmé dernièrement que cet art populaire est connu dans les régions montagnardes par la aïta et non par la taktouta. Comment expliquez-vous cela  ?
Au cours de mes voyages dans les tribus des Jbala, je n’ai jamais entendu parler de taktouta. Les chioukh et les habitants de ces régions que j’ai rencontrés lors des Moussems et de différentes fêtes religieuses et familiales continuent d’appeler cet art par son vrai nom de la aïta. Taktouka est en fait un mot oriental qui représente le patrimoine musical des pays arabes du Moyen- Orient.

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