Culture

Abderrahim Tounsi, l’humour inné

© D.R

Jeudi 27 décembre 1936, dans l’ancienne médina de Casablanca, on allait  entendre le premier cri d’un enfant baptisé Abderrahim. Le benjamin de la famille Tounsi composée de 4 garçons. Un souvenir qui le marqua à jamais ; sa maman décède, alors qu’il n’avait que six ans.
« Mon père se remaria, mais ce mariage ne dura pas plus d’une année. Un jour il rentra du travail et me trouva en train de sangloter. La cause ;  ma belle-mère. J’étais le plus jeune et un peu son préféré. Il divorça sans regret », déclare, en souriant, Abderrahim. Un beau souvenir qu’il a toujours, soigneusement, gardé dans sa mémoire : ce gamin de six ans  qui attendait quotidiennement, le retour du père amenant des bonbons. Très jeune, on le confia à sa tante qui allait lui procurer l’amour dont il a souffert après la mort de sa mère. C’est l’époque du Msid, de l’apprentissage du coran. 
Studieux, il intégra l’école des fils de notables à l’ancienne médina et y resta  jusqu’à la sixième. Il ne quitta les bancs que forcé : « Un jour, j’ai entendu la maîtresse à l’école, traiter les Marocains d’arriérés, de sous-développés, d’ignorants,  je suis rentré chez-moi et j’ai juré de ne plus jamais remettre les pieds dans cette école », confie l’humoriste et comédien Abderrahim. 
Très amouraché du monde des blagues, il dévorait tous les petits livres les concernant. Et c’est adossé au mur du vieux four de la médina, qu’il partageait ses blagues avec ses copains. Ba Abderraouf, le chéri de tous les Marocains, se souvient du café du coin, appartenant à feu Lhabib Kadmiri où les jeunes venaient se partager les nouvelles blagues : « Qu’est-ce qu’on se marrait. C’était la belle époque où il n’ y avait ni hypocrisie, ni animosité. Notre amitié était sincère et sans profit. On se respectait et on respectait les autres » regrette  Tounsi   qui a réussi, pendant des années, à fait vibrer et tordre de rire,  les corps de plus d’une génération.
Plus qu’un simple comique, il est un réel  précurseur de l’art humoristique au Maroc. Sa forte dimension humaine l’a gravé dans les cœurs des petits et des grands. 
Les années 50, en nationaliste convaincu, il participe à des actions de lutte contre le colonisateur et il se retrouve derrière les barreaux. Ironie du sort, c’est dans cet espace d’incarcération qu’Abderrahim allait découvrir son amour pour le théâtre. Il commença à jouer des petites scénettes avec des résistants emprisonnés avec lui. Tounsi, allait quitter les murs de la prison à l’occasion du retour de Feu SM le Roi Mohammed V. Seule la scène hantait son esprit. Il devient conservateur du cimetière des Chouhada, puis ouvrier à la Somaca. Avec des amis, il a monté une troupe de théâtre qui se produisait dans des cafés en adaptant des textes de Molière.
Comment était né le personnage  d’Abderraouf ?
« J’avais gradé chez moi le fameux costume du personnage d’Abderraouf qui appartenait à l’un de mes camarades. Un jour j’enfile ce costume et commence à imiter devant le miroir, un ancien camarade de classe? C’est alors que l’idée m’était venue d’épouser ce personnage candide, d’apparence idiot, mais ô combien intelligent et qui allait faire mon bonheur et celui de tous les Marocains », se rappelle Abderrahim. 
Un véritable travail sur la voix nasillarde, le gestuel débile, et le fameux « Tarbouch » rouge. C’est alors que ses spectacles  ont commencé à se jouer à guichets fermés et des cassettes se vendaient par milliers. Le succés d’Abderraouf allait dépasser les frontières du Royaume, s’étendant à la communauté maghrébine à l’étranger.
Après un long silence, Abderraouf, revient en force pour retrouver son public, un public qui ne l’a jamais oublié.
Que de chemin parcouru pour Tounsi qui reçoit le prix de l’interprétation masculine, amplement mérité à Carthage en 2007, pour son rôle dans le téléfilm
« Larbi Bo Bchklit »
Après un long silence, Abderraouf, revient en force pour retrouver son public, un public qui ne l’a jamais oublié.
              

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