Culture

Abderrahman Benhamza : «Je fais de la peinture littéraire»

© D.R


ALM : On vous connaît comme critique d’art. Et vous voilà maintenant préparant votre première exposition ? Que représente pour vous cela ? était-ce une tâche facile ?
Abderrahman Benhamza : L’exercice pictural en soi n’est guère chose facile. L’effort physique compte autant que celui psychique ou cérébral. Une œuvre d’art demande du temps pour se réaliser, cela peut aller d’un jour à un mois, sinon à plusieurs mois, c’est selon les exigences de chaque artiste et selon la nature de son (ou de ses) matériau(x) dont l’usage varie en termes de vitesse et d’efficacité. Par ailleurs, la peinture est une forme d’écriture : lumière, jeux d’ombre, formes, matière – ce sont là quelques ingrédients d’une activité créatrice qui pourrait ressembler du point de vue symbolique à tout autre mobilisant sensibilité, affect, émotions, etc. pour aboutir à une formulation transcendée du réel. Je pense ici à la poésie, au théâtre, au cinéma…Ce que représenterait donc pour moi la peinture s’inclut forcément dans la même considération transcendantale et libératoire. A tel point que je pourrais dire sans risque d’exagération que tous les genres de création, malgré tout ce qui les différencie de manière explicite les uns des autres, ont en commun les mêmes substrats idéels et émotionnels; ils se ressourcent aux mêmes données existentielles sinon métaphysiques. Leur diversité en matière d’énonciation n’est que formelle et obéit généralement à des lois de catégorisation vieilles aujourd’hui comme le temps.

On définit votre art comme oscillant entre abstrait et l’art naïf. Quel est votre démarche artistique et votre concept de travail?
Je ne pense pas à ce que mon travail plastique s’inscrive dans telle ou telle tendance quand l’essentiel pour moi, pour tout artiste sans aucun doute, est d’exprimer d’abord sa sensibilité. Naïf? Je dirais que oui, un petit peu, surtout dans la modulation des formes humaines, animales et naturelles. Je ne cherche pas exactement à figurer sur le mode couramment entendu, avec conformité aux canons anatomiques et physionomiques. Expressif oui, cela va sans dire et c’est plus simple. La nature des couleurs que j’emploie et qui occupent l’essentiel de ma démarche, relève plutôt d’un impressionnisme du cœur, comme on parlerait à cet effet d’un langage poétique usant d’ellipses, de métaphores filées et d’euphémisme. Quant à ma démarche, elle est celle employée pour l’ensemble de ma production: de la gouache et de l’acrylique, rarement de l’huile, matières qui sèchent vite et qui me permettent de prendre graduellement la mesure de ce qui se fait sur le support. Côté concept! Je répondrai de façon cavalière que ce que je fais s’apparente à s’y méprendre à une espèce de peinture littéraire: je fictionne à outrance un vécu et une mémoire qui ne sont perceptibles qu’à coups de colorisations rhétoriques et de formules primesautières.

Vous êtes auteur de plusieurs recueils de poèmes, pourquoi vous êtes-vous lancé dans la peinture ?
En effet, j’ai publié plusieurs recueils de poèmes, des récits et nouvelles, presque tous en Occident. Le fait de dire que je me suis lancé dans la peinture sous-entend l’idée que j’y suis allé un peu à l’aventure, courant ainsi tous les risques et ne m’attendant à récolter qu’échecs sur échecs. Non, je ne me suis pas lancé, je change tout simplement de temps à autre de matériau de travail. D’ailleurs, j’expose en même temps que des tableaux, de la poésie. Ceci pour dire que ces deux expressions sont deux vases communicants, que l’un est à la fois l’envers et l’endroit de l’autre. Puis sur le plan psychologique, je ne vois là aucune dichotomie, aucune fissure.

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