Culture

Abdeslam Ababou : «Nous y croyons»

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ALM : Quelques mois après votre association avec Universal Music, quelles sont vos premières conclusions quant au marché marocain de la musique?
Abdeslam Ababou : La première conclusion n’est autre que le poids du secteur informel et du piratage qui pèsent sur l’industrie musicale au Maroc. Le marché marocain est sinistré par le piratage. Et l’ampleur de ce phénomène dépasse de loin nos prévisions de départ. Nous avons été, par contre, et c’est notre deuxième conclusion, agréablement surpris par la grande richesse musicale au Maroc. Il existe beaucoup d’ingrédients et de talents, jeunes comme confirmés, qui font que nous avons toutes les raisons d’espérer. A aujourd’hui, nous avons produit une bonne dizaine d’artistes marocains, à l’image de Malek et Elam Jay. Et même si les résultats, en termes de ventes, se font encore attendre, nous y croyons toujours.
Quels sont, dans ce sens, les critères de sélection des artistes que vous produisez ?
Dans sa politique de production et de promotion musicales, Platinium se base sur trois axes principaux. Le premier consiste à accorder la priorité aux jeunes chanteurs et musiciens, inconnus et en qui nous croyons. Des talents qui peuvent évoluer et faire parler d’eux aussi bien au Maroc qu’à l’international. Notre deuxième axe consiste à revisiter le patrimoine musical marocain à travers la production d’artistes reconnus et confirmés comme Nass El Ghiwane et Malek. Notre troisième axe, et c’est le chantier sur lequel nous travaillons actuellement, vise à promouvoir et lancer des duos entre artistes marocains et étrangers.
On vous reproche à cet égard la qualité inégale des artistes que vous produisez. Si certains sont bons, d’autres sont moins bons. A quoi est dû ce constat?
Il ne faut pas perdre de vue que le monde de la musique est un monde fait de subjectivité. Un artiste que certains jugent comme étant bon peut ne pas l’être pour d’autres. Chacun à ses propres goûts. Et notre mission, c’est de répondre au plus grand nombre de goûts, en proposant des styles et des artistes différents.
Nous essayons de proposer un large choix d’artistes que nous jugeons bons. C’est au marché de trancher.
Encore faut-il que le succès commercial suive. Qu’envisagez-vous pour relancer une industrie minée par le piratage ?
Nos efforts consistent actuellement en un travail de fonds visant à changer les tendances du marché. Ce travail vise d’abord, et surtout, à donner une offre alternative, que ce soit en termes de choix, de qualité ou de prix.
Concernant la production musicale internationale, nous proposons des produits nouveaux, sorties en même temps qu’en France, ou la qualité tant artistique qu’industrielle est de mise et qui sont 30 à 40% moins chers qu’à l’étranger. Pour ce qui de la musique marocaine, nous mettons à la disposition de mélomanes des produits à des prix très compétitifs, de 20 à 25 DH. Le tout pour dire qu’il n’y a plus de raisons de recourir aux produits piratés. D’autant qu’il y aura d’autres maisons de production musicale qui vont s’intéresser au marché marocain.
Notre deuxième axe est celui de la sensibilisation. Avec le ministère de la Communication et le Bureau marocain des droits d’auteur (BMDA), nous comptons lancer très prochainement une campagne de sensibilisation quant aux dangers du piratage qui menacent aussi bien la création artistique que l’ensemble de l’industrie musicale.
Notre troisième axe d’actions consiste à tirer partie du dispositif répressif vis-à-vis du piratage. Nous avons une loi en la matière qui vient de sortir et dont les textes d’application verront incessamment le jour. Et nous comptons bien mettre cette législation à notre profit.

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