Culture

Achaâri explique son ordonnance

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ALM : Etes-vous en conflit avec l’Union des syndicats d’art ?
Mohamed Achaâri : Nous n’avons pas de conflit avec qui que ce soit. Nous avons une convention concernant la couverture médicale avec un groupement de syndicats et d’associations d’artistes, en l’occurrence la Coalition marocaine pour la culture et les arts. Ce groupement comprend les syndicats des professionnels de la musique, l’Union des écrivains marocains (UEM), le Syndicat marocain des professionnels de théâtre, l’Association marocaine des arts plastiques… Ce groupement a été constitué après la promulgation de la loi sur les artistes. Lorsque nous avons signé cette convention avec la Coalition, l’Union des syndicats d’art n’existait pas encore. Elle s’est constituée d’ailleurs sur la base d’un différend avec la Coalition. Il faut préciser que la prétendue Union est constituée de syndicats connus mais aussi de syndicats improvisés pour faire une union. Mais c’est une question qui concerne les artistes. C’est à eux, bien avant le tribunal saisi, de décider de la légitimité de ce syndicat ou de l’autre. En clair, c’est un différend qui ne nous concerne pas, la vie interne des syndicats et associations d’artistes étant un champ libre et indépendant. Le ministère de la Culture ne se considère pas comme partie prenante à ce conflit.

Le régime de couverture médicale, objet du litige, a été jugé « sélectif ». Quels sont les critères qui ont présidé au choix des bénéficiaires ?
Ceux qui sont assurés aujourd’hui, c’est-à-dire plus de 700 artistes, n’ont aucune couverture médicale et, de ce fait-là, sont en situation de précarité en ce qui concerne leurs problèmes de santé. Nous avons jugé qu’il est plus équitable et plus juste de les faire bénéficier les premiers de ce régime. Ceci dit, la liste des bénéficiaires ne peut pas être sélective parce qu’elle n’est tout simplement pas définitive. Celles ou ceux d’entre les artistes qui veulent bénéficier de ce régime sont toujours les bienvenus. Ils n’ont qu’à remplir les documents auprès de la Coalition signataire du contrat d’assurance et à régulariser leur situation vis-à-vis de cette assurance. Encore une fois, le ministère n’a qu’un rôle de soutien financier dans cette affaire car c’est la subvention du ministère qui couvre les frais d’adhésion à ce régime d’assurances. Pour bénéficier de cette couverture, il ne faut pas être forcément membre d’un syndicat et, à plus forte raison, d’un syndicat affilié à la Coalition. Tous les artistes ont le droit à cette couverture médicale.

Après l’entrée en vigueur du régime de couverture médicale, plusieurs voix se sont élevées pour revendiquer, plutôt, un fonds de soutien aux artistes. Qu’en pensez-vous ?
Les syndicats veulent instituer, entre eux, une caisse de solidarité pour assurer un minimum de prestations médicales à ceux qui, à cause de leur âge, n’ont pas pu bénéficier du régime actuel et pour ceux dont les maladies ne sont pas couvertes par ce régime.

2007 marque le début d’octroi de la carte professionnelle. Est-ce qu’il suffit d’avoir une carte professionnelle pour se décréter artiste ?
Cette carte est une revendication des syndicats. Personnellement, je considère que le domaine artistique ne peut pas être défini par des cartes et des identités déclarées. Personne n’a, en principe, le droit de décider si tel est un artiste ou non. Nos syndicats et nos associations considèrent aujourd’hui que la carte professionnelle pourrait remettre de l’ordre dans la profession et définir, d’une manière organisée, les intervenants dans ce domaine. Alors, nous allons bien sûr essayer ensemble d’aller dans ce sens tout en étant certains que la carte n’est qu’un moyen d’améliorer le statut de l’artiste dans la société. Cette carte n’a rien à voir avec la valeur de la créativité et de la productivité de l’artiste.

L’octroi de cette carte ne risque-t-il pas de susciter une polémique au sein des artistes ?
Pour l’ensemble des artistes connus et reconnus, il n’y aura pas de polémique. Pour le reste, je compte mettre en place une commission nationale constituée de grands artistes et de grands critiques qui connaissent le milieu, et dont la crédibilité du jugement et le bien-fondé de la décision ne sont  pas à mettre en doute. Ceci dit, ceux pour lesquels la carte passe avant tout vont continuer à alimenter la polémique.

Au-delà de la carte, il y a une autre polémique au sujet de la chanson marocaine. Pourquoi ce secteur n’a-t-il toujours pas bénéficié d’un fonds d’aide, à l’instar du théâtre et du cinéma ?
On ne peut pas aider la chanson de la même manière qu’on aide le théâtre ou le cinéma. Aujourd’hui, on subventionne plusieurs festivals de la chanson, plusieurs concours de musique, plusieurs orchestres de musique, mais on ne peut pas s’improviser société de production. Nous sommes une autorité publique qui essaye de s’occuper des l’infrastructures, de la formation… Mais dans le domaine spécifique de la chanson, il va sans dire que les télés, les radios et les sociétés de production sont le cadre naturel de toute évolution dans ce domaine.

Depuis la création du Fonds d’aide à la production théâtrale, l’enveloppe budgétaire allouée à ce secteur est restée figée (3 millions de dirhams). Pourquoi ?
Parce que la création aussi est restée la même. Il ne suffit pas de parler d’argent. Quand il s’agit de création, l’Etat est prêt à aller plus loin dans le soutien. Mais il faut avoir des projets qui nécessitent de revoir le budget à la hausse.
De toute façon, cette évolution existe et le budget augmente proportionnellement aux projets présentés à la commission.

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