Culture

Ahmed Jarid : «Toucher et percevoir l’impalpable»

© D.R

ALM : Selon les critiques, vos œuvres ont une portée mystique. Comment se traduit cela dans vos toiles et quelle est votre démarche?
Ahmed Jarid : Je donne plus d’intérêt  au dépouillement de la toile et au retranchement des phrases picturales pour dévoiler une superposition claire et transparente, pour une œuvre, je dirais presque monochrome et limpide et jouir d’un effet ou d’une trace, d’un chemin pourvu qu’il conduit mes pas vers une illumination. C’est le propre du peintre que de voir, au-delà d’épidermique et de superficiel, épousseter la vitre entre l’univers et l’homme avec de la lumière pour montrer du doigt une parcelle du monde. Pour toucher et percevoir l’impalpable, voire l’invisible et réaliser la représentation de l’irreprésentable ! En terme technique, je travaille directement avec les mains, les brosses et les pinceaux ne sont utilisés que rarement. Mes représentations  toutefois exécutées par des matériaux tels la poudre de marbre, la cendre du papier, le café, le charbon, le zeste de grenade, le brou de noix…etc. Elles sont fluides subtiles, voire intangibles.

On remarque dans la scène artistique la présence limitée d’artistes-plasticiens qui affirment l’influence de la spiritualité soufie. Comment vous situez-vous dans la cartographie artistique au Maroc ?
Je ne pense pas que je suis bien placé pour évaluer la situation de ce courant ou plutôt groupe d’artistes. Mais permettez-moi de dire que la valeur ajoutée de cette «famille» d’artistes (défunt Moulay Ahmed Cherkaoui, Abdelkébir Rabi, Ahmed Jaride, Khalil Gharib…) réside non seulement dans la sérénité de leurs œuvres et la sincérité de l’expression, mais aussi dans la valeur inestimable de la réflexion autour de l’acte de peindre. Et pourtant ce sont tous des évadés des mots et des artistes du silence. C’est à propos de ce type de créateur que je disais dans le catalogue de mon exposition : vivre passionnément, intensément et mourir, les brosses à la main, pendu devant une rose. Caractérisés par autant d’ardeur et de fragilité, peuvent-ils être autrement !? Que montre-t-on quand on prétend tout montrer? Quoi que l’on fasse, c’est toujours le portrait de l’artiste par lui-même qu’on fait. Sans oublier, dans ce contexte spirituel, Hassan Bourkia ; l’ardeur infatigable et l’œuvre délicieuse de Mohammed Bennani (Moa)  et les jeunes talents Fatiha Zemmouri et Kenza Benjelloun. 

Et pourquoi un tel intérêt pour cette spiritualité? Ne permet-elle pas finalement une meilleure approche et compréhension de l’art?
Pourquoi ne pose-t-on pas ce genre d’interrogations aux compositeurs et à la musique ? Est-ce qu’une composition musicale, même populaire, raconte une anecdote. Ma foi, la question du sens (le message) est une question qui nous a été parvenue de la critique littéraire. La peinture c’est comme la poésie contemporaine, à partir du moment où ça devient «message» ça devient mauvais ! C’est le cas de dire que l’artiste contient l’intellectuel. La réciprocité est rarement vraie.

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