Culture

Aissi Ikken : «Le langage des signes me fascine»

© D.R


ALM : En quoi votre nouveau cru pictural est-il différent des autres ?
Aissi Ikken : Il s’agit d’une exposition rétrospective qui s’intitule «La poésie au sillage de la peinture». Elle se caractérise par sa globalité et sa diversité et représente diverses étapes de mon parcours. Ainsi il y a des tableaux anciens que j’ai réalisés en marge du festival Volubilis, des travaux de graphisme, des tableaux récents, des gravures et une collection de bijoux.

Dans votre travail, vous faites une place de choix aux signes. Pourquoi ?
Ma démarche est basée sur les signes. Je les forme et les déforme pour atteindre une sorte d’universalisme. Au début de mon parcours, les signes que j’utilisais étaient ancrés dans une certaine tradition. Actuellement, ils ne se réfèrent plus à celle-ci.  Ils se sont métamorphosés et ont évolué jusqu’à traverser les frontières. Et l’on perçoit parfaitement cette évolution dans cette rétrospective. Dans mes tableaux, je procède en deux phases, une première où la forme surgit, la plupart du temps de manière spontanée. Il m’arrive quelques fois de choisir mes sujets mais souvent ce sont eux qui s’imposent à moi. Et puis, il y a une deuxième phase où j’essaie de donner vie à cette forme par la couleur. Aussi, j’estime que la création est multiple et c’est dans ce sens que j’utilise différents moyens d’expression et différents supports. Ainsi, au niveau des bijoux, j’utilise l’or et l’argent et cela pour la fantaisie de la création. Et au niveau des gravures, il est question de la pierre, un peu à l’image des gravures rupestres.

Qui est-ce qui vous a inspiré ce travail ?
Enfant, j’ai été imprégné par les contes et les chants que récitaient les femmes après leurs travaux quotidiens ou quand elles préparaient ou tissaient la laine. Je  voyais des dessins sur les tapis et déjà la sensibilité du signe me nourrissait. Les signes berbères ont été mes premières empreintes, ils m’ont donné l’amour du dessin. Aussi la dextérité et la beauté des bijoux anciens, le tatouage et le zellige me fascinaient. De là, dans mon travail, ressurgit tout un environnement dans lequel mon imaginaire a bercé et où s’est nourri mon art.

On vous connaît aussi poète. Quel est le rapport entre la poésie et la peinture ?
Je croit qu’il y a une contradiction entre la poésie et la peinture. 
À travers la peinture, j’ai toujours senti que j’étais plus en harmonie avec moi-même, contrairement à la poésie. Et cela parce que dans cette dernière, je m’exprimais en français qui m’est une langue étrangère. Mais en fin de compte, j’ai fini par comprendre que la langue n’est qu’un vecteur et plus, un moyen d’ouverture aux autres. Parfois ma peinture domine, mais lorsqu’un geste, un regard, un rayon de soleil a une emprise sur moi, c’est la poésie qui le fait.
Ainsi la poésie et la peinture finissent par devenir complémentaires et par se rencontrer dans mon œuvre.

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