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Ali Azahaf : «La célébrité ne peut être mesurée à la qualité»

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Entretien avec Ali Azahaf, écrivain, poète et journaliste


ALM : Comment expliquez-vous le qualificatif «petit» dans le titre ?

Ali Azahaf : Tout d’abord, le choix du titre s’est fait en dernier. D’ailleurs, j’ai gardé mon recueil, signé lors du 22ème Salon du livre, dans les tiroirs pendant un an après en avoir terminé la rédaction. Je n’envisageais même pas de le publier si ce ne sont quelques amis, dont Najib El Aoufi qui a commenté mon œuvre, qui m’ont encouragé à éditer celle-ci. Avant de concevoir ce recueil de poèmes, j’écrivais des nouvelles. Et maintenant que j’ai fait les deux, il s’est avéré à mes yeux que la poésie permet parfois de s’exprimer mieux que la nouvelle. Quant au qualificatif «petit», je l’ai introduit parce que l’éminent grand Bouddha existe déjà. Cet adjectif m’a permis de faire la différence entre cette éminence et le contenu de mon recueil.

Pourquoi recourir aux strophes ?    

En fait, le recueil est non seulement composé de strophes, à l’instar de la poésie du Haïku portant des vertus, d’où l’intitulé «Cantiques du petit Bouddha», mais aussi des petits poèmes. Une telle démarche permet de véhiculer le sens d’une manière simple. Si celui-ci est transmis en six lignes, c’est mieux encore. D’autant plus que les lecteurs n’ont plus la patience pour lire de longs textes de par l’impact du numérique.

Qu’en est-il de la simplicité du style?

Prenez par exemple les œuvres d’Hemingway ou Maupassant ou encore des auteurs marocains comme Mohamed Choukri, ils s’exprimaient de façon simple, soit en « langue du vécu» sans abuser des qualificatifs. Cependant, ce n’est pas le mot qui importe en créativité, mais son sens et ses différentes connotations. Pour ma part, je pense que l’on peut s’exprimer  profondément sur nos expériences à travers une langue simple. Et ce n’est pas une tâche aisée ! Quant à la simplicité en poésie, plusieurs poètes marocains et arabes ont été pionniers en la matière en recourant à un style noble et accessible à la fois.

Pourquoi la prédominance du thème de l’amour dans le recueil?

Il est vrai que certains poèmes dans l’œuvre sont imprégnés d’amour qui est une expérience humaine. Cependant, le recours à l’amour est fait en guise d’allusion à l’attachement à la vie et au passé entre autres. D’ailleurs, une bonne écriture est celle qui puise son fondement dans l’expérience personnelle.

Comment justifiez-vous l’emprunt d’expressions coraniques ?

Comme vous le savez, la langue soutenue atteint son paroxysme dans le texte coranique. Alors, tout un chacun aspire à écrire en cette langue. D’autant plus que plusieurs poètes, à l’instar de Nizar Kabbani, ont eu recours à la langue du coran. Ce qui importe c’est de ne pas porter atteinte à ce texte pour ne pas choquer les lecteurs sensibles à la particularité de celui-ci. A mon sens, le recours au Coran est fait de manière à le mettre en valeur.

Qu’est-ce qui vous a décidé à éditer chez une maison égyptienne ?

Je l’ai fait pour plusieurs raisons. Déjà j’ai eu une première expérience avec une maison marocaine qui a édité mon recueil de nouvelles en gardant plein de fautes bien que j’aie corrigé mon œuvre par mes soins. Par contre, la maison égyptienne «Rawafid» m’a soumis une copie pour correction avant impression. Il s’est avéré, à mes yeux, que les égyptiens et les Libanais ont une réelle industrie livresque. Ce qui m’a également incité à publier en Egypte, c’est que ce pays participe à tous les salons de livre de par le monde, ce qui permet à l’écrivain marocain de gagner en renommée. Ce qui n’est pas le cas au Maroc où le clientélisme règne ! Chose qui met les bâtons dans les roues des poètes et écrivains créateurs. De surcroît, il est rare qu’il y ait des publications journalistiques ou critiques autour d’un livre à l’issue de sa parution.

Comment évaluez-vous le niveau de la production littéraire au Maroc ?

Le pays est marqué par une crise en culture résultant de celle en éducation à la lecture. Pour l’heure, la créativité s’est transformée, dans certains cas, en effet de mode, ce qui donne lieu à des productions relativement médiocres. Quand même, il existe de bons écrivains et lecteurs.

Faut-il être assez célèbre pour être lu ?

Dans certains pays arabes, il existe des écrivains dont les productions sont énormément lues sans être célèbres. Comme il existe des écrivains que personne ne lit et pourtant ils sont assez connus. Le pourquoi de ce constat trouve sa réponse dans le clientélisme dont on a parlé. Quand bien même, les bons écrivains sont lus de par de simples échanges. Par contre, la célébrité ne peut être mesurée à la qualité.

Que pensez-vous de l’Union des écrivains du Maroc ?

Malheureusement, l’Union est marquée par des conflits souvent personnels. A mon sens, il faudrait revoir la structure de l’Union en installant un bureau dont la mission serait de la diriger et organiser la chose culturelle. Le tout en hissant le niveau de la culture marocaine dans le pays et l’étranger, voire encourager les créateurs.

Un projet de roman ?

J’avais entamé un roman que je n’ai pas terminé. Hélas ! Pour l’heure, je travaille sur de nouveaux recueils de poèmes et nouvelles.

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