Culture

Amal Hadrami : « Je décortique un à un ces mots qui me définissent auprès de l’autre et m’étouffent»

© D.R

ALM : Vous présenterez le spectacle «Amal-gamme» le 22 janvier au théâtre national Mohammed V. Veuillez bien nous en parler ?
Amal Hadrami : «Amal-gamme», c’est un duo entre une femme et un homme, une danseuse et un musicien, une artiste et son public, la France et le Maroc, la liberté et la censure, l’ignorance et le savoir. Construite comme un « one woman show », la pièce me met en scène en tant que danseuse contemporaine et artiste libre, française et marocaine, femme moderne et musulmane. Je m’adresse directement au public, mêlant le geste à la parole, la danse au texte, accompagnée par Enzo, dj-compositeur, tantôt juge tantôt partenaire. Ensemble, nous mettons le doigt sur le double sens des mots qui me collent à la peau. Étiquetée comme un emballage de supermarché, je décortique un à un ces mots qui me définissent auprès de l’autre et m’étouffent ; des mots qui viennent finir leur course, émiettés à mes pieds.

Que signifie «Amal-gamme»? Et quelle en est la particularité ?
Ce titre est un jeu de mot qui annonce la couleur du spectacle.
D’un côté, dénoncer les amalgames que l’on peut faire concernant la femme et sa réelle situation dans le monde actuel mais aussi celle des artistes, de la danse contemporaine, de l’Islam, de l’identité nationale. D’un autre côté, mettre en lumière les différentes gammes qui composent mon identité en société: mon sexe, ma nationalité, ma profession, ma religion. L’objectif étant de pousser le public à une réflexion personnelle afin que les préjugés n’entachent plus notre jugement sur l’autre.

Selon vous, quelle place occupe la chorégraphie au Maroc ?
Une place encore très limitée par rapport aux autres disciplines artistiques comme la musique, le théâtre ou la peinture mais chaque année, la danse se développe un peu plus et commence à faire sa place dans les différentes grandes villes du Royaume. Les danseurs sont de plus en plus nombreux et quelques uns se lancent dans la chorégraphie, ce qui est encourageant. Il ne manque plus que des structures professionnelles pour accueillir, former, enrichir, promouvoir ces quelques téméraires, porteurs d’un pan de la culture marocaine et qui représentent l’expression d’une société en mouvement.

Vous avez créé la compagnie A’kkada en 2009 en Savoie et sa jumelle à Marrakech en 2011. Quel en est l’objectif ?
Née du besoin d’étendre le spectacle vivant contemporain à un public plus large et de toucher une population parfois réfractaire, la compagnie A’kkada s’engage dans une démarche de sensibilisation et d’ouverture culturelle et disciplinaire. A’kkada se propose de créer un réseau d’artistes professionnels d’origines et d’horizons différents, à la carrière aussi bien atypique que prodigieuse, marquant une volonté de créer au-delà de toutes frontières. Ainsi, à travers ces créations artistiques contemporaines éclectiques, les artistes s’expriment, les sujets s’abordent, les émotions fusent, et les publics ne peuvent que s’élargir…

Des projets à venir ?
Je me concentre pour l’instant sur la pièce «Amal-gamme» qui va tourner un peu grâce à la compagnie «Les pieds nus» de Salima Moumni et le réseau des instituts français qui ont organisé et produit cette création. En parallèle, je cherche à faire tourner mon autre création «Safar… Ce monde au goût de terre», jouée en Savoie en mai dernier et qui met en scène un comédien, deux danseuses et un saxophoniste sur le thème de la rencontre des cultures française et marocaine.
Sinon, pour la rentrée de septembre 2012, je mets en place une collaboration avec l’école Dance Attitude de Marrakech pour la création de spectacles réguliers pour enfants et la promotion de jeunes artistes marocains.

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