Culture

Amir Ali, pour l’amour de l’archet et de la patrie

© D.R

Le violoniste Amir Ali était le lundi 24 mai l’invité de l’émission «Tendance jeune» co-animée, par Hicham Lazrek de Radio Chaîne Inter et Laïla Zerrour du quotidien «Aujourd’hui Le Maroc». La modestie, la sensibilité et la générosité sont les principales qualités de Amir Ali. Ce violoniste hors pair a l’art de faire rire les gens et de les mettre à l’aise. Natif de Meknès, il grandit au quartier Sidi Amar. Tout jeune, il avait la musique dans la peau. «J’ai commencé à jouer de la musique tout petit. Mon père ne pouvait pas m’acheter un violon car cela équivalait à deux mois de salaire, j’ai alors fabriqué moi-même une sorte de guitare avec une bouteille de fletox, un bâton en bois et des cordes qui étaient en fait des freins de bicyclette. C’était à l’époque l’instrument des pauvres», raconte Amir Ali avec beaucoup de nostalgie. Il s’inscrit au conservatoire de Meknès où il étudie le solfège et apprend à jouer du violon sous la direction de grands maîtres de la musique moderne, andalouse et du malhoun dont Houcine Toulali. Sa passion pour le violon l’aveugle au point qu’il décide de passer ses journées au conservatoire. «Je prenais mes manuels scolaires en faisant semblant d’aller à l’école. Je restais des heures et des heures au conservatoire sans voir le temps passé. Ne possédant pas de violon, j’étais contraint d’emprunter celui du conservatoire», se souvient-il. Il s’obstine à faire de la musique malgré le refus de son père. «Nos parents ne veulent que notre bien. Ils souhaitent que l’on réussisse dans la vie. Mon père qui était très connu dans le quartier et ancien joueur du CODM, considérait que jouer de la musique était en quelque sorte un moyen de faire l’aumône. Il refusait de me voir jouer dans les mariages. Mais un jour, il a changé d’avis. Il était invité à une soirée où il y avait Toulali et il m’a vu jouer. Quand il m’a entendu, il est resté ému. C’est à ce moment précis qu’il a compris que j’avais énormément de talent», affirme Amir Ali. Véritable génie, il commence à composer de la musique à l’âge de 15 ans. Il décide par la suite de quitter le Maroc pour le pays de l’oncle Sam avec 100 DH en poche. «Je me suis toujours mis dans la tête que je devais quitter mon pays.Au départ, je devais aller en France. Mais le destiné en a voulu autrement. Un jour, un Américain Sony Enderson accompagné d’un Marocain Hamid Serghini étaient venus au Maroc dans le but de recruter des musiciens pour le pavillon du Maroc à Walt Disney en Floride. Ils avaient alors demandé à Noaman Lahlou s’il connaissait un bon musicien. Lors d’un mariage à Meknès où je jouais, il m’a entendu et m’a fait la proposition. Au départ je ne l’ai pas cru, je pensais qu’il plaisantait», déclare-t-il. Et c’est le début de la grande aventure pour Amir Ali. Après avoir travaillé plusieurs années au restaurant «Marrakech» au pavillon marocain,il fonde en 1999 le groupe «Morockin». «Je jouais du violon et chantais des titres de grands artistes notamment Oum Kalthoum et Mohamed Abdel Wahab. Un jour, je me suis dit que je ne pouvais pas continuer toute ma vie à jouer dans ce restaurant et j’ai voulu créé un groupe qui combine la culture marocaine et américaine», explique-t-il. Morockin est un groupe de musique aux intonations uniques avec un mélange de sons d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et de basses accompagnées d’instruments électroniques. Amir Ali participe à plusieurs festivals de musique mondiaux à Disney, Avalon le Parc, Dallas, Miami, Boston,Orlando. Il fait des enregistrements musicaux pour des géants de l’industrie musicale notamment Sony, Warner Brothers, Disney. Il travaille avec des artistes célèbres tels que Ahmed Doughane, Melhem Barrakat, Majdi Al Houssaini et Abdou Cherif. En 2007, il rencontre le guitariste Al Di Meola. «C’était un rêve. Je n’avais jamais pensé un jour travailler avec l‘un des plus grands guitaristes au monde. C’est une personne très modeste au grand cœur. Depuis, nous sommes devenus des amis très proches et nous nous voyons régulièrement», affirme Amir Ali. Il partage la scène avec les virtuoses de la basse Victor Wooten et Steve Bailey et joue avec le roi du Raï Cheb Khaled lors de son tour du monde «Khaled and Friends Love» produit par Dawn Elder. Il travaille de jour comme de nuit aux dépens de sa vie personnelle.
Pour l’instant, il n’est pas question de mariage pour Amir Ali. «J’espère un jour me marier mais je n’ai pas encore trouvé la bonne personne. J’ai eu plusieurs expériences qui se sont mal terminées. S’il y a une chose que je ne supporte pas c’est la jalousie maladive», dit-il. Pour Amir Ali, le violon est la femme idéale. «Le violon ne me reproche rien, il ne me dit pas à quelle heure tu es rentré, ni pique des crises de jalousie», explique t-il. En plus d’être auteur, interprète et compositeur, Amir Ali est aussi acteur. Il joue dans le film de Bachir Skirej, l’un des pionniers du cinéma marocain.
Le film fut diffusé à travers tout le Royaume en mars 2007. Ce virtuose du violon joue dans une comédie aux côtés de Rachid El Ouali qui sortira prochainement dans les salles de cinéma. Mais il ne compte pas s’en arrêter là. Il jouera dans un sitcom réalisé par Mohamed Karrat.
De retour au Maroc depuis neuf mois, Amir Ali a un emploi du temps bien chargé. Outre sa participation au Festival Mawazine, il prendra part au Festival Gnaoua. Entre temps, il se rendra à Londres pour un concert réunissant une trentaine d’artistes marocains. Pour ce qui est de ses projets à venir, Amir Ali prépare un nouveau sigle intitulé «Matkhafich» et travaille avec Rachid El Ouali sur une tournée qui aura lieu dans tous les hôpitaux du Royaume au profit des enfants cancéreux.

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