Culture

«Apnée» de Hachadi remporte le Grand prix du court métrage

© D.R

Le court métrage «Apnée» réalisé par Mahassine Hachadi, a reçu à l’unanimité la faveur du jury international de la compétition court métrage (Cinécoles) présidé par le réalisateur Volker Shloundorf lundi 6 décembre. Distinguant ce dixième du Festival internationale du film de Marrakech (FIFM), ce Grand Prix est personnellement doté par SAR le Prince Moulay Rachid qui en est aussi l’initiateur d’une somme de 300.000 DH. «Le FIFM décide de s’impliquer dans l’accompagnement des jeunes talents de notre pays. C’est pourquoi nous sommes allés chercher dans les différentes écoles de cinéma et d’audiovisuel du Royaume les tout premiers essais de réalisateurs balbutiants afin de les faire concourir pour un prix qui permettra au meilleur d’entre eux d’entreprendre la réalisation, dans des conditions professionnelles, d’un premier court métrage», a souligné SAR le Prince Moulay Rachid, président de la Fondation du Festival  international du film de Marrakech.  Le président du jury n’a pas manqué de souligner «la grande qualité des œuvres des 14 jeunes réalisateurs en herbe participants à cette compétition. Tous les films évoquaient la famille, le patriarcat et la religion. Toutefois le gagnant a nettement émergé du lot», a déclaré Volker Shloundorf, président du jury de cette compétition. Mahassine est en 5ème année d’étude de cinéma à l’École supérieure des arts visuels de Marrakech (ESAV). «Apnée» nous immerge en dix minutes dans le quotidien d’une jeune femme au chevet de son père vieilli et souffrant, incapable de s’assumer et subvenir à ses besoins les plus intimes. Le devoir et l’affection du père lui imposent minute par minute de s’occuper de lui. De sa toillette, passant par son alimentation, jusqu’à ses ablutions quotidiennes de la prière de l’aube, elle fait tout pour ce vieux pieux intransigeant qui se prépare à la mort. Mais elle n’arrive plus à respirer… elle pourrait être soulager s’il arrête de respirer plus tôt que prévu. Mais est-ce que son apnée, son calvaire, cessera pour autant ? La jeune réalisatrice dispose ainsi grâce à ce prix d’une somme de 300.000 DH. Selon les organisateurs «cette somme sous la gestion de la Fondation du FIFM  sera exclusivement dédiée à la réalisation de son second court métrage qui devra être réalisé et achevé dans les trois années qui suivent le palmarès». Et d’ajouter que la Fondation du Festival international du film de Marrakech soutiendra la réalisation de l’œuvre à travers un regard sur les étapes de l’écriture, de la réalisation et du montage. La Fondation compte à travers ce concours mettre en place un espace de création cinématographique et d’insertion professionnelle au profit des cinéastes en herbe et de créer ainsi durant le festival une véritable plate-forme d’échange entre professionnels aguerris et jeunes cinéastes. C’est aussi une véritable occasion de présenter le cinéma d’école pour la première fois au Maroc. Le jury de la compétition court métrage est composé de l’actrice et réalisatrice palestinienne Hiam Abbas, le cinéaste français Xavier Beauvois, le réalisateur marocain Adil Fadili, l’Iranienne Marjan Satrapi réalisatrice et dessinatrice de bandes dessinées et enfin l’actrice française Emmanuelle Seigner.


French touch
Pourquoi  la France cette année ? La question semble faussement anodine car elle exprime dans sa récurrence même un certain non-dit qui pèse comme une sorte de sur moi du Festival international du film de Marrakech. Une question qui traverse le champ médiatique et bien au-delà comme un concentré de ce que sont  nos relations avec l’ancienne puissance du protectorat. Quelque chose qui dépasse le cinéma pour interpeller un imaginaire traversé encore de doutes et d’interrogations identitaires, l’esprit du temps oblige… cela est d’autant plus révélateur que la France comme pays invité du FIFM arrive en septième position… après bien d’autres pays comme la Corée du Sud l’ année dernière. Il est cependant révélateur de constater que la présence de l’Espagne, il y a quelques années, n’avait pas soulevé pareils questionnements (aujourd’hui serait-il toujours le cas ?) ; par contre, c’était un peu le cas de l’Égypte lorsque le festival a fêté brillamment le centenaire de son cinéma…le cinéma déchaîne-t-il les passions qui réveillent les blessures de l’histoire ? Heureusement, non. On a vécu dernièrement des épisodes qui ont frisé le ridicule autour d’un match de football. Il y a quelque chose dans la gestion des relations entre les nations qui relève de la psychologie… collective. La communication du FIFM a centré son argumentaire, concernant ce volet de la programmation, sur deux formes de réponse. D’abord en rappelant que la France est le pays qui a vu naître le cinéma. Nous ajoutons que c’est aussi celui de la cinéphilie. Ensuite, en plaçant cette présence de la France comme pays invité sous la bénédiction du maître incontesté de la cinéphilie universelle comme Martin Scorsese. Une légitimité difficilement contestable surtout quand la grand Marty affirme en remettant le trophée de l’Étoile d’or de Marrakech à Catherine Deneuve et Costa Gavras que le cinéma français n’ a pas cessé d’influencer et d’inspirer les grands cinémas du monde. Et puis, ce sont les films eux-mêmes finalement qui ont pris le relais pour justifier cette présence. Et sur ce plan, le public fut largement servi. Pour le reste, relevant grosso modo de l’extra cinématographique strict, il faudra rappeler aussi que la France développe, elle est même pionnière en la matière, une politique d’aide publique au cinéma qui en fait un modèle dans le monde. C’est la France qui avait lancé le mot d’ordre d’exception culturelle au moment des fameuses négociations initiées par l’OMC et encouragées par les Américains visant à faire des productions culturelles, musique et cinéma notamment, des produits comme les autres liés aux seuls critères du marché… c’est-à-dire les transformer en marchandises. Il se trouve que le Maroc a fait le choix de défendre son patrimoine se retrouvant dans le même camp que la France pour défendre ses  productions culturelles et le droit de son cinéma à bénéficier de l’aide publique. Une aide qui permet à notre pays d’atteindre une production cinématographique le plaçant en position de leadership dans sa région. Par ailleurs, la journée de lundi a été marquée par un événement majeur : la très belle cérémonie dédiée aux courts métrages d’écoles. Marquée par ce que l’on peut désormais appeler le Prix Moulay Rachid du meilleur court métrage d’écoles (c’est la réalité des faits même si la modestie et la discrétion de  Son Altesse Royale font que cette appellation n’apparaît pas dans l’intitulé officiel du concours). C’est une étudiante, Mahassine Hachadi, de l’École de cinéma de Marrakech qui a été choisie à l’unanimité du jury pour son film «Apnée». Une narration originale pour un sujet fort avec de très belles images. Un univers féminin, étouffant, filmé en intérieur et plans serrés comme en apnée… A Marrakech, l’avenir est déjà en piste !

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