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Abdellatif El Mesnaoui : «Plusieurs scénarios souffrent d’une faiblesse structurelle»

© D.R

ALM : Le prix du meilleur scénario pour votre 1er court-métrage. Est-ce un coup de chance ?
Abdellatif El Mesnaoui : Il est vrai que la chance a un rôle dans ce genre de compétitions. Mais, les décisions du jury dans les festivals se basent sur des critères techniques et esthétiques surtout que les membres du jury du 5ème Festival de Saidia était composé de membres de renom en culture, critique et industrie cinématographique. Ce prix est une reconnaissance pour moi après ma longue expérience dans le domaine cinématographique notamment en matière d’écriture de scénario dans laquelle j’ai une grande expérience bien que «Safsata ou Sophisma» soit mon 1er court-métrage. D’ailleurs, j’ai participé à l’écriture de plusieurs scénarios de séries Tv notamment le sit-com «Lalla Fatima» et la série «3ela Seba». Je suis également professeur à l’Institut Supérieur des métiers de l’audiovisuel et du cinéma (ISMAC) où j’enseigne, entre autres, l’écriture du scénario et l’élaboration de produits cinématographiques.

Votre film est tiré d’une œuvre de Fouad Laroui. Cette inspiration a-t-elle favorisé ce succès au festival ?
Fouad Laroui est un écrivain reconnu dans le monde entier. Le fait d’écrire un scénario d’après son œuvre, la nouvelle «Le quart d’heure des philosophes» parue dans «L’étrange affaire du pantalon de Dassoukine» de l’Edition Julliard de 2014, est d’abord un honneur. De plus, la qualité de cette œuvre littéraire renforce celle cinématographique si le scénario est bien élaboré selon les règles spécifiques de l’écriture cinématographique. Celle-ci étant différente de l’écriture littéraire. D’autant plus que le succès d’un film dans un festival dépend de la sensibilité et des critères de chaque jury des festivals.

«Safsata ou Sophisma» parle du rapport d’un jeune à son professeur de philosophie. Serait-ce votre manière de réconcilier les élèves avec cette discipline ?
La réponse est positive. Entre autres, la discussion entre la professeure et son élève évoquée lors de leur conflit dans le film rappelle les effets et le rôle de la philosophie dans l’éducation de l’être humain et dans son évolution intellectuelle. La philosophie nous apprend beaucoup de choses sur la vie et la mort, sur la raison et la réflexion ainsi que la manière de penser le monde. L’enseignement de cette discipline est très important dans le système éducatif. Le fait de l’évoquer dans mon film est une manière de lui redonner la place qu’elle mérite dans le système éducatif et de réconcilier les élèves avec cette discipline, voire de se poser des questions. L’éducation que nous recevons à l’école influence-t-elle notre façon de voir le monde et celle de vivre? Nous aide-t-elle à vivre en harmonie avec notre société ou sème-t-elle, au contraire, le doute dans notre esprit?

Quel commentaire faites-vous des critiques faites aux scénarios des différentes œuvres artistiques ?
Les critiques les plus marquantes ont une relation avec la structure de l’écriture et le traitement des thèmes abordés. A elle seule, l’écriture est spécifique par rapport aux autres écritures et elle doit répondre à des règles qui prennent en considération la spécificité de la fabrication d’une œuvre audiovisuelle ou cinématographique. Les critiques à ce sujet ont raison dans la plupart des cas. Plusieurs scénarios souffrent d’une faiblesse structurelle et de manque d’écrire, voire de raconter les histoires par les images et non seulement les répliques qui font avancer l’histoire.

Comment gagner en renommée en tant que réalisateur sans l’avoir eu assez comme acteur ?
J’ai plutôt une carrière pleine de succès en tant qu’acteur et manager d’établissements culturels. J’ai eu des récompenses en tant qu’acteur comme meilleur second rôle au Festival national du film de Tanger dans le film «Tenja» de Hassan Gzouli en 2005 et meilleur acteur au Festival du film d’Abidjan en Côte d’Ivoire en 2007 pour mon rôle dans le film «La mouche et moi» de Rachid El Ouali. La plupart de mes personnages en télévision ou cinéma ont marqué le public comme mon rôle dans le téléfilm «Mabrouk aid» de Zakia Tahiri ou encore mon rôle dans le téléfilm «Wa7da min Bazzaf» de Tarik Benbrahim, ainsi que dans des séries comme «Sir Hta tji», «Nass al 7ouma», et d’autres. En cinéma, j’ai interprété un rôle dans le film d’Abdelhai Iraki «Les ailes de l’amour» ou encore «Le veau d’or» de Hassan Gzouli. Gagner en renommée en tant que réalisateur pour un premier court-métrage est une lourde responsabilité qui va me pousser à travailler encore et faire plus d’efforts pour être à la hauteur de cette nouvelle carrière. Avoir un prix du meilleur film étranger au 3ème Festival de court-métrage de la Linéa de la Concepcione en Espagne et le prix du meilleur scénario au Festival de Saidia est une récompense pour mes efforts en vue de faire un cinéma de qualité et participer au rayonnement du cinéma marocain.

Vous vous êtes toujours opposé aux différents ministres de la culture. Pourquoi une telle position ?
En fait, ce n’est pas une position arbitraire ou voulue. Si c’était le cas, on dirait que c’est moi le problème. Par principe, je défends les intérêts de mon pays et je veux participer à le reconstruire et à le développer dans un climat sain loin des intérêts personnels et de la corruption et du favoritisme. J’étais honnête et sincère lors de l’exécution de ma mission en tant que directeur du théâtre Mohammed V et je défendais les intérêts de cet établissement que Sa Majesté m’a confié en me nommant à sa tête. Preuve en est le rayonnement du théâtre sous ma direction reconnue par tout le monde ainsi que le rapport de la Cour des comptes établi à l’époque qui m’a innocenté de toutes les fausses accusations qu’élaboraient certains responsables du ministère de la culture et autres à l’époque en plus de la décision de la Cour suprême qui a annulé la décision de mon limogeage. Concernant la dernière opposition au sujet du recrutement d’un professeur de droit public à l’ISMAC, elle n’est pas destinée au ministre de la culture et de la communication qui n’est absolument pas responsable de cette décision. Mais c’était dans le but de défendre les intérêts des étudiants, la qualité de l’enseignement et les intérêts de l’Institut dans lequel je travaille. Bref, c’est un principe pour moi, être honnête, sincère et défendre l’intérêt et l’image de mon pays que j’aime autant. Je le resterai pour toujours pour participer au développement de mon pays tel que voulu par le Souverain et le peuple.

Vous aviez préparé un court-métrage intitulé «Attashih aw Alkalam Alahmar». Quel en a été le sort ?
«Le stylo rouge» est mon 2ème court-métrage. Je vais le tourner en fin octobre-début novembre 2019 à Khénifra. Nous sommes en période de préparation après avoir reçu le fonds d’aide du CCM avec un montant de 200.000 DH et la co-production de la SNRT avec un montant de 300.000 DH. C’est un film qui traite du sujet de la démocratie à travers une histoire qui se passe aussi dans une classe d’école primaire et en parallèle dans un petit village en période des élections communales. C’est un scénario que j’ai écrit il y a plus de 12 ans dans lequel j’ai apporté quelques modifications mais qui reste toujours d’actualité et universel. Déjà il a reçu à l’époque une mention spéciale du jury du prix Reggab.

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