Culture

Belle distinction pour le « maestro »

© D.R

A l’occasion de la Fête du Trône, SM le Roi Mohammed VI a décoré un des virtuoses de la musique Ahidous du Moyen Atlas du Wissam Al Moukafaa Al Watania de l’ordre de commandeur. Militant le maestro Oulhoucine Achibane l’a toujours été.
Moha Oulhoucine Achibane a exercé deux sortes de militantismes: défendre la cause de sa patrie et celle de la musique amazighe qu’il a héritée de ses ancêtres.
Le maestro a en effet été un acteur important dans la lutte contre la puissance coloniale. Il a fait partie des résistants des montagnes du Moyen Atlas. De cette époque, le charismatique maestro en parle avec modestie. Rencontré à Imilchil en 2004 lors de la première édition du festival des musiques des cimes il avait déclaré: « J’ai participé à la résistance contre l’occupation française au Maroc, pour l’indépendance».
La pudeur et l’humilité sont en effet des caractéristiques majeures chez ce personnage. Cette nature a, en plus de sa compétence, joué en sa faveur. Au fil des ans, Moha Oulhoucine Achibane s’est construit une renommée universelle. C’est cette même renommée qui lui a valu le célèbre surnom de Maestro. Ce surnom lui a été décerné par l’ancien président des Etats-Unis Donald Reagan. Le maestro s’est en effet rendu au pays de l’oncle Sam dans les années 80. Il y a enregistré entre autres des musiques pour le compte de Walt Disney en Californie. Mais sa carrière artistique démarre dès les années 50. C’est à ce moment même qu’il entame son parcours artistique pour devenir rapidement l’un des éminents interprètes de la musique amazighe. Avec sa troupe et bendir à la main, le maestro a su conquérir l’univers. Grâce à lui, l’Ahidous est fêté dans tous les coins de la terre. C’est un véritable globe-trotteur. Il a été invité à animer des spectacles dans plusieurs pays, dont notamment l’Allemagne, l’Italie, la Hollande.  Et pour cause, Moha Oulhoucine Achibane est considéré comme le plus grand des maestros. Un maestro qui force l’admiration et le respect de ses fans. Ce respect, le maestro a pu l’acquérir grâce à son professionnalisme et son talent. Muni de son bendir, il emporte les esprits dans un voyage, pour traverser toutes les frontières du réel.  Le maestro dirige une troupe de 21 personnes qui dansent l’Ahidous. Au milieu de ces danseurs qui se mettent en cercle ou sur deux rangs le maestro joue de son bendir.
La danse est rythmée aux sons du tambourin. C’est cette profonde vibration, tout en dynamisme, qui est transmise et ressentie par le maître. Par son aisance à diriger le groupe, Moha Oulhoucine témoigne d’un sens du rythme remarquable. Une qualité essentielle pour un dirigeant de troupe Ahidous. Cette danse, c’est surtout un ensemble de sons successifs, cadences répétitives et de juxtapositions. Ces juxtapositions sont séparées par des virgules qu’il faut savoir commander et orienter. C’est là le secret du maestro qui insiste sur la nécessité de bien commander ces virgules qu’il appelle de son jargon: «des haltes». Du haut de ces cent ans, le maestro continue à diriger sa troupe avec des mouvements saisissants.
À le voir, on serait presque tenté de lui donner un âge beaucoup plus jeune. Le maestro est en effet dynamique, lorsqu’il est sur scène, il fait vibrer le public. En fait, il a l’art d’attirer la sympathie d’un grand nombre d’individus. Visage constamment souriant, le maestro a conquis les cœurs.
Lorsque le Souverain l’a décoré du Wissam «Al Moukafaa Al Watania de l’ordre de commandant», ce sont des milliers de spectateurs qui l’ont félicité à voix basse. Une décoration, consécration à son talent.

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