Culture

Biondi : «La musique classique a ses fans»

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ALM : Vous dirigez depuis 1997 l’orchestre philharmonique du Maroc. Quel regard portez-vous sur les prestations des musiciens marocains dans le registre du classique ?
Jean-Charles Biondi : Avant de m’exprimer sur la prestation des musiciens marocains, j’aimerais tout d’abord attirer l’attention sur un fait qui me paraît important. En 1984, il y a eu la création d’une école de musique à Salé. Au sein de cette école que je dirige, on dispense des cours gratuitement à tous les jeunes démunis et à ceux désireux d’apprendre mais qui n’ont pas les moyens. Parmi ces jeunes qui ont appris dans cet établissement, il y en a qui font aujourd’hui partie de l’orchestre philharmonique du Maroc. Depuis la fondation de cet orchestre, les musiciens marocains ont fait beaucoup d’efforts. Nous possédons au sein de l’orchestre des talents indéniables qui n’ont parfois rien à envier aux autres musiciens sur le plan international. J’exagère peut-être mais c’est une façon de dire.  Avec ces efforts, on a réussi à se forger une renommée de plus en plus grande. Cependant je pense qu’il faudrait toujours viser plus haut.

Que voulez-vous dire par là ?
En fait, la partie n’est pas encore gagnée. Il y a encore beaucoup d’efforts à déployer. Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. C’est vrai que nous avons réussi à nous forger une notoriété et une image pour le moins satisfaisante, mais il ne faut pas s’arrêter là. Nous avons encore des pas à franchir dans la voie de la musique classique. Il faudrait qu’on passe à un plan supérieur. Il faut savoir que nous sommes un orchestre assez jeune et qu’il faudrait continuer à évoluer pour se perfectionner davantage. C’est la seule manière pour qu’on puisse s’affirmer davantage.

Comment, justement, un orchestre comme celui que vous dirigez aux côtés de Farid Bensaid peut-il évoluer ?
Il n’y a pas de recette miracle ni de formule magique. La seule manière de se perfectionner c’est de se former. En fait, aujourd’hui le deal c’est de former les formateurs. C’est une façon de perpétuer la tradition et de généraliser l’enseignement de la musique classique.

Est-ce que la musique classique possède, selon vous, un avenir au Maroc ?
Je pense que oui. Il n’y a pas de raison pour que cette musique n’aie pas un avenir au Maroc. D’ailleurs, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette musique possède ses amateurs et ses inconditionnels. Nous pouvons affirmer cela, par le fait que depuis que nous organisons des concerts de l’orchestre, nous remarquons que le public est, de plus en plus nombreux. Je disais donc, depuis 1997, nous avons un public fidèle. Ce public est en ajout à cela, de plus en plus jeune et intéressé. C’est la preuve qui atteste comme quoi la musique classique est appréciée au Maroc. Et si jamais, il n’y a pas de public pour la musique classique, la raison est à chercher ailleurs.

La musique classique possède malgré tout un public restreint. Quel est votre avis là-dessus ?
Je ne pense pas que la musique classique a un public restreint. C’est vrai que si l’on compare les amateurs de musique classique avec ceux des musiques dites modernes on se rend compte que la différence est importante. Cependant cet état de fait n’est pas propre au Maroc. On trouve cette situation partout dans le monde. C’est dû non seulement à la profusion de plusieurs styles musicaux, mais aussi à l’ignorance des mélomanes de la musique classique. Si on est amené à constater  par exemple que des jeunes n’écoutent pas la musique classique, c’est tout simplement dû au fait qu’ils ne la connaissent pas. Tout est une question d’éducation.

Vous avez opéré l’arrangement de l’œuvre symphonique «Mogador» du compositeur Jaloul Ayad qui est aussi banquier. Que pensez-vous de la prestation de ce musicien ?
 J’ai eu le plaisir d’arranger l’œuvre musicale de ce compositeur. Je trouve qu’il possède de multiples talents. L’année dernière il avait présenté son œuvre : «touche de vie» que je trouve très intéressante. Elle avait été acclamée par le milieu musical. Cette année son œuvre « Mogador » en trois mouvements est aussi fascinante que la précédente.

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