Culture

Cadrage : Ils ont tout compris !

Qui  contrôle l’activité touristique au Maroc ? Visiblement personne. D’un côté, on est conscient que l’absence de l’animation handicape gravement le secteur et de l’autre, on tolère des pratiques qui aggravent cette crise. Le “All Inclusive“ ou “tout compris“, cette formule bon marché qui permet au touriste de ne pas sortir de l’hôtel où il a tout à portée de main sans qu’il ait à sortir des billets d’argent pour sa consommation et ses extras, est en train de faire fureur à Agadir. Bière, soda et pizza à gogo pendant la journée au bord de la piscine et une prétendue animation à grand renfort de folklore dès le coucher du soleil.
Nombre d’hôtels se sont mis à cette mode qui arrange les propriétaires et les Tours Operators mais certainement pas l’employé de l’établissement qui en est la première victime. Ce dernier voit du coup le pourboire, qui lui permet d’arrondir ses maigres fins de mois, fondre comme neige au soleil puisque le client qui a “tout compris“ n’a plus besoin de son service pour se restaurer ou porter ses bagages…Moins de serveurs et disparition des “tips“. Voilà comment un dispositif, dont les promoteurs vantent les mérites se transforme en arme anti-personnel. 
D’aucuns peuvent rétorquer que le commerce va ainsi. Libre comme le vent. Mais un commerçant, qui ne pense qu’à se remplir davantage les poches, peut porter préjudice aux autres prestataires de service censés vivre de la même activité que lui. C’est ce qui est en train d’arriver aux restaurateurs, bazaristes, taxis et vendeurs de souvenirs, etc… Ceux-là n’ont rien compris par rapport à ceux qui ont tout pris.
Certains adeptes de la formule, tout à leur boulimie, sont allés jusqu’à réserver des espaces de vente aux épices et autres produits du cru que l’on rencontre normalement dans ces souks qui font le charme du Maroc ! Le problème du “All Inclusive“ commence à se poser avec acuité. Sans que les autorités compétentes n’interviennent pour le moment pour tenter de mettre de l’ordre dans ce qui ressemble à un tourisme en circuit fermé. On voudrait tuer une ville que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Non pas que le “tout compris“ soit une pratique interdite- elle existe bien sous d’autres cieux touristiques- mais ce système qui a ses normes et exigences doit être réglementé au Maroc.       
L’avenir est peut-être dans la délocalisation massive des voyages aussi et dans ce cas transformons le tout-Agadir touristique en clubs hermétiques avec des clients lambda dont le seul contact avec leur environnement se limite au transfert vers l’aéroport par autocar le jour de l’arrivée et le jour du départ. Qu’importe le reste, la découverte du paysage et l’échange avec la population. L’essentiel est de garder le touriste pour soi entre quatre murs en le gavant jusqu’à plus soif du matin jusqu’au soir.   
Paradoxalement, les professionnels du tourisme gadiri se préoccupent très peu de doter leur ville de lieux de loisirs et de shopping qui vont normalement de pair avec l’industrie des vacances. Un touriste transi d’ennui et qui n’a même pas où dépenser son argent, cela ne doit pas être plaisant. Mais où est le problème du moment qu’il s’offre à moindres frais, avec le soleil en prime, une assiette ouverte à longueur de journée et un lit plus ou moins confortable ?

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