Culture

Casablanca : Enfin le Festival

© D.R

Enfin c’est parti pour le 1er Festival de Casablanca. Ce festival, sorti paraît-il d’un accouchement par césarienne, après avoir fait partie des résolutions sans cesse reportées, a bel et bien démarré. Il a fait son baptême de feu samedi, avec une méga-parade intitulée « Transhumance, l’heure du troupeau ». A 20 heures, le centre de la mégalopole, place des Nations Unies, encadré par un important dispositif de sécurité, a mis, le temps d’une soirée, un bémol aux coups de klaxons habituels, aux bouchons et autres bouteilles, pour faire place au groupe français, «Opposito» de son nom, qui a squatté les rues à grand renfort de chars portant à bord des effigies monstrueuses d’éléphants, de girafes et autres quadrupèdes, sans oublier, outre des balançoires, ces tracteurs chargés de foin… A ce show bucolique, illuminé par les souffleurs de feu, rythmé par un tourbillon de tambours et autres cuivres, vient s’ajouter celui d’un public visiblement surpris par ce bal très peu ordinaire. Pour une fois, les Casablancais sont sortis des banalités, qui sont le lot de leur quotidien, avec ce cortège de nuisances sonores, des bousculades sur les passages cloutés, pour entrer dans l’univers du fantastique. L’Horloge légendaire, qui dévisageait les bateleurs du haut de la tourelle de la wilaya du Grand-Casablanca, devait remettre ses pendules à l’heure du merveilleux, de l’étrange…
Cette ouverture, dépaysante, marque ainsi le départ d’une manifestation qui n’a de limites que les frontières de la plus grande ville du Royaume. Sur le plan topographique, cette manifestation couvre, outre le centre, des endroits éloignés de la métropole, de Sidi Bernoussi à Hay Hassani, en passant par Ben M’Sik. Sur cet aspect-là, rien à dire. D’autant moins qu’il s’agit d’associer tous les Casablancais, de quelque bord ou échelon social qu’ils soient, à une manifestation qui ambitionne de « rendre l’espace public casablancais aux Casablancais». Mais là où l’on peut trouver à redire, c’est sur un plateau artistique qui jure, faut-il l’occulter, avec l’esprit de Casablanca. Il est facile d’acheter des concerts à des catalogues de managers en Europe ou ailleurs, mais ce qui était attendu des «concepteurs», c’est d’avoir d’abord  une réflexion sérieuse sur le public et le territoire sur lequel devait se dérouler ce festival. A voir la programmation, le mélange des genres apparaît à l’évidence. S’agissant de musique, le binôme Hajja Hamdaouia-Cheïkha Rémiti, deux grandes dames de l’aïta et du raï, est pour le moins incohérent. Ce «cas» n’est cité ici qu’à titre d’exemple, bien d’autres incohérences nous portent à penser que le Festival pèche par une absence flagrante de vision. On se demande ce que Rouicha, toujours à titre illustratif, a à voir avec le groupe du «Sergent Garcia» qui joue du Rock, du Hip-hop, du Rap, du Reggae… Au niveau du cinéma, l’incohérence n’en est pas moins évidente. Drames, comédies, romances, science-fiction et autres genres se retrouvent pêle-mêle. On a beau chercher un fil conducteur, en vain. Et puis, le programme est autant chargé qu’indigeste.
Musique, cinéma, arts plastiques, animations… Etalé sur huit jours, le festival ne saurait cristalliser toutes ces expressions artistiques. Il aura fallu simplement voir du côté de la capitale pour comprendre pourquoi maintenant le Festival de Rabat, qui était généraliste, a dû dispatcher ces expressions sur différentes périodes de l’année.
Bien sûr, le Festival de Casablanca en est encore à ses débuts. Son mérite est d’avoir vu le jour. Mais eu égard aux retards qu’a accumulés Casablanca pour donner naissance à ce festival, aux «efforts» déployés pour le mettre en œuvre, faire encore preuve d’incohérence est inadmissible. Contrairement à ce que disent les «concepteurs», le festival n’est pas à la hauteur de Casablanca. Et moins encore à son image de ville moderne.

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