Culture

Chourouk Hriech : «J’ai choisi le dessin parce qu’il est proche de l’écriture»

© D.R

ALM : Pourquoi la thématique du voyage domine vos œuvres?
Chourouk Hriech : J’adore naviguer, j’ai toujours voyagé que ce soit dans les livres ou en réalité. C’est quelque chose qui me porte, j’aime aller à la rencontre, découvrir les choses, fouiller comme un archéologue et voir les strates de la construction de l’homme. Dans ce sens, c’est fou comme l’humain est vraiment l’animal le plus inadapté à son habitat. Qu’importe les parties du monde où l’on puisse se rendre, on se rend compte que c’est toujours la même histoire, et encore plus aujourd’hui avec une espèce d’urbanisation sauvage qui avance, avance et qui se confronte aux traditions de certains pays que ce soit la Chine ou le Maroc…

Comment expliquez-vous votre choix de la technique du dessin ?
J’ai choisi la technique du dessin parce qu’elle est la plus proche de l’écriture. L’écriture dans le sens graphique, du grec «graphein» qui veut dire écrire ou tracer. Tracer des cartes de navigation se fait à travers des pointes fines, plus que des pinceaux. Et pour moi le dessin, c’est la pratique dans laquelle je me situe.

Que symbolise pour vous cette exposition organisée par le CCME ?
Symboliquement, cette exposition initiée par le CCME dénote de l’envie de cette structure de faire un pont, de confronter et faire cohabiter plusieurs temps, plusieurs générations. Parce que l’histoire de l’art tel qu’on la connaît en Occident n’est pas la même que l’histoire des arts tel qu’on peut l’entendre ici au Maroc. C’est une très bonne initiative qui permettra sans doute de commencer à écrire. Parce que, alors que la parole avec le temps se déforme, l’écriture est vraiment la base qui permet de solidifier des actes et de les inscrire dans l’histoire. C’est une bonne démarche et peut-être qu’elle permet aussi à certains artistes (marocains du monde) de retourner à la source.

En parlant de source, où se situe votre culture marocaine dans vos œuvres ?
Déjà dans la densité, parce que dans mes œuvres, il y a des endroits très saturés et d’autres qui sont vides. Il y a une cohabitation entre ces paradoxes. Et ma culture est franco-marocaine. J’appelle cela le royaume des contraires car ce sont deux types sociétals qui s’opposent et qui se retrouvent sur des choses. Et peut-être aussi que le noir et blanc est un positionnement assez radical par rapport à tout cela. Imaginez ces tableaux-là avec de la couleur, on en serait au carnaval (rires).

Votre travail de dessin en noire et blanc s’apparente à celui d’une autre artiste de l’exposition «Résonances» notamment Wafaa Ahalouch El Keriasti ?
Je ne connaissais pas le travail de Wafaa, elle ne connaissait pas le mien. Mais, il y a une véritable famille de personnes qui pratique et utilise le dessin. Cet outil qui est à la base un medium d’étude, un medium qui sert à la préparation d’une œuvre ou d’un tableau, est là du coup amené sur le champ d’un art à part entière. Ce qui est intéressant dans l’histoire du dessin c’est que c’est souvent de l’ordre du cheminement, les dessins sont comme des carnets de notes, des chemins en fait. Et moi, ma démarche est justement de créer une sorte de cartographie, encéphalogramme de mes navigations urbaines, du regard que je peux porter sur le monde et des aventures aussi qui m’arrivent.

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