Culture

Cinéma et politique

Qui a déjà dit que l’art échappe à son temps ? L’actualité rattrape toujours les créateurs et leur impose souvent la thématique de leurs oeuvres. Un créateur soucieux de réalité finit tôt ou tard par sentir le besoin et le devoir de ne pas ignorer les événements sociaux et politiques qui agitent le monde où il vit. Son oeuvre devient souvent le miroir des occupations qui garnissent quotidiennement les pages de nos journaux. Dans un texte de 1939, le poète André Breton a insisté sur le fait qu’il est du devoir de tout artiste de refléter, dans les sujets qu’il traite, les tempêtes qui obscurcissent le ciel de son monde. Il a littéralement stigmatisé les artistes et les poètes qui continuaient à faire leurs oeuvres en 1939 sans tenir compte de l’explosion imminente qui menaçait de dérober le sol sous leurs pieds. «Il est confondant d’observer que l’art en France, au début de 1939, paraît surtout soucieux de jeter un tapis de fleurs sur un monde miné», écrit-il dans ce sens. Ce n’est pas l’acteur Robert Redford et encore moins le cinéaste Youssef Chahine qui le contrediront. Deux entretiens parus dans «Le Monde» du 13 décembre montrent jusqu’à quel point les événements du 11 septembre vont s’imprimer sur la production des films. Tout en reconnaissant que l’Amérique ne sera plus la même après le 11 septembre, vu que la destruction des deux tours Twins a fait apparaître brutalement la communauté internationale, Robert Redford met en garde la production hollywoodienne contre le fait qu’elle ne devienne «une machine de propagande gouvernementale». Il cite des antécédents dans l’Histoire : Disney servait les intérêts des Etats-Unis pendant la seconde guerre. Les réactions de Robert Redford font suite à la sortie de «Spy game», film où il joue le rôle d’un agent de la CIA. L’actualité donne un sens brûlant à ce film. Les services de renseignements risquent de donner un air de ritournelle au cinéma américain. Youssef Chahine qui était présent à Paris pour la sortie de son film «Silence… on tourne», s’est exprimé sur le protectionnisme de l’industrie cinématographique américaine, la situation des Musulmans dans le monde, le Proche-Orient, la guerre en Afghanistan, les régimes arabes et d’autres sujets encore. Il donne un sens prémonitoire à ses films. «En lisant dans la presse comment les terroristes ont subi des lavages de cerveau, j’ai retrouvé la trame de mon film «Le destin» », dit-il dans ce sens. «Quant à la collusion des milliardaires avec le terrorisme, je l’ai explicitement montrée dans «L’Autre», qui finissait dans un bain de sens» renchérit-il. Youssef Chahine estime faire face aux événements qui secouent son temps par l’oeuvre. L’artiste ne peut pas faire la sourde oreille aux cris de détresse qui déchirent le monde où il vit. On imagine aisément cela, mais son engagement ne risque-t-il pas de prendre le dessus sur des considérations strictement esthétiques?

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