Culture

Cinéma : Tétouan, capitale de la Méditerranée

© D.R

La 12 ème édition du Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan, prévue pour l’année 2003 connut toute une série d’impondérables qui compromirent la tenue de cette manifestation.
Celle-ci devait se dérouler au mois de mars 2003 mais elle fut renvoyée dans un premier temps,  au mois d’octobre à cause de la guerre en Irak, avant de se fixer une nouvelle date pour le mois de septembre afin d’éviter une coïncidence avec le Festival international de Marrakech, prévu du 3 – 8 octobre de la même année.
Pour la première dans son existence, ce festival, vieux de plus d’une dizaine éditions et doté d’une
réputation honorable, ne fut pas soutenu par “les partenaires”. Les sponsors traditionnels de la manifestation ont opposé une fin de non-recevoir à ses demandes répétées. Le manque d’argent a provoqué l’annulation de cette grande manifestation de cinéma qui constituait un pont entre les deux rives de la Méditerranée. Des messages de sympathie pleuvent, selon le directeur du festival, de nombreux professionnels des pays méditerranéens, consternés par cette nouvelle. Depuis, une interrogation hantait les amoureux du cinéma : ce festival réussirait-il à se
relever ou allait-il disparaître ?

2005, l’année de la relance
Les Amis de cinéma de Tétouan revinrent à la charge, plus décidés que jamais cette année avec la ferme volonté de renforcer les assises d’un rendez-vous cinématographique qui se positionne géographiquement comme un lieu de rencontre qui n’a rien à envier aux
autres manifestations du bassin méditerranéen.
Fondé en 1985 par les Amis du Cinéma de Tétouan, le Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan est doté depuis sa 10 ème édition d’une compétition de films dédiée au cinéma méditerranéen contribuant ainsi dans la promotion et à la diffusion
des cinématographies méditerranéennes de qualité .
Dix longs métrages et 15 courts métrages "représentant la diversités et la richesse culturelle et cinématographique de la Méditerranée" seront en lice pour le Grand Prix de la Ville de Tétouan. La compétition officielle du festival est ouverte aux films produits entre 2003 et 2005. D’autres prix dont un prix spécial du jury et un prix de la critique sont également décernés par le festival.
Outre la compétition, un éventail de films méditerranéens inédits au Maroc produits durant la même période (2003 – 2005) sera proposé dans le cadre de séances spéciales en hors compétitions.
Le festival rendra également des hommages à quatre réalisateurs méditerranéens :
Le Grec Théo Angelopoulos, l’égyptien Mohamed Khan, le Français Robert Guédiguian et le Marocain Abdelkader Lagtaâ.

Des films en compétition
Dix films de France, d’Italie, de Croatie, de Tunisie, d’Espagne, d’Egypte et du Liban figurent dans la compétition officielle longs métrages alors que la compétition courts-métrages comprend une sélection de 15 films.
C’est un souci majeur des organisateurs qui veillent à la qualité de la sélection des films en compétition et du programme de rencontres, articulant colloques et ateliers dans le cadre de cette édition qui tient à célébrer un anniversaire, invitant ainsi des écrivains, des intellectuels et des artistes qui ont contribué pendant vingt ans au rayonnement culturel du festival pour donner des conférences au grand public.
Deux longs métrages marocains sont en lice : en lice : Tarfaya du réalisateur marocain Daoud Oulad Sayed et Mémoire en détention de Jilali Ferhati.
Dans la participation étrangère. Le jury de cette année cosmopolite aura la délicate tâche de départager ces films. Il est composé du réalisateur Ahmed Maânouni (Maroc), l’actrice Boussy (Egypte), le réalisateur Mauricio Zaccaro (Italie),
l’actrice Cuca Escribano (Espagne), le professeur de cinéma et critique Ali Sekkaki (France), le musicien-compositeur Nassir Chamma (Irak) et la productrice Zeynep Ozbatur (Turquie).
Le festival décerne plusieurs prix officiels, en l’occurrence "le Grand prix de la ville de Tétouan du long métrage" (doté d’une récompense de 70.000 DH offerte au réalisateur), "le Prix Mohamed Reggab, Prix spécial du jury" (doté d’une récompense de 40.000 DH offerte au réalisateur) et "le Grand Prix de la ville de Tétouan du court métrage" (doté d’une récompense de 35.000 DH offerte au réalisateur).
Il y aura également le "Prix de la mise en scène", "Prix Azzedine Meddour pour la première oeuvre", "Prix d’interprétation masculine", "Prix d’interprétation féminine", "Prix de la critique" et "Prix de la
jeunesse".
Le court métrage participe de ce concert avec seize films en compétition dont trois qui sont marocains : Amal de Ali Benkirane, La jeune femme et l’ascenseur de Mohamed Nadif et Sang d’encre de Leïla Triki.
Parallèlement, une section carte blanche sera consacrée au cinéma andalou en plus des hommages : au
réalisateur égyptien Mohamed Khan, au Marocain Abdelkader Lagtaa ainsi qu’au producteur  Humbert Balsan.

Ecole et cinéma
Par ailleurs, un colloque international sur le thème "Ecole et cinéma" sera tenu pour "engager une réflexion pluridisciplinaire sur l’enseignement du cinéma, de l’audiovisuel et de l’artistique à l’école
méditerranéenne." Trois axes représentant des projets d’avenir animeront les travaux de ce colloque. L’impact et l’enjeu du travail sur l’image, avec l’image et l’implication des créateurs et producteurs d’images, l’ouverture de l’école sur le marché du travail et l’intégration de l’image et des nouvelles technologies dans les cursus
scolaires.
Cette dimension pédagogique fut constamment au centre des préoccupations des initiateurs du festival (enseignants pour la plupart) mettant en exergue l’aspect pédagogique avec des stages de cinéma au profit des étudiants de l’Institut supérieur des beaux-arts de Tétouan et de l’Université Abdel Malek Saâdi afin de mettre au service des apprenants les outils pédagogiques pour faciliter l’appréhension du texte filmique.
Le festival a également mis en place un programme destiné aux plus jeunes. Un spécial cinéma d’animation permettra aux enfants de découvrir les dernières productions méditerranéennes en matière du cinéma d’Animation. Des ateliers d’initiation à ce genre cinématographique révéleront aux enfants le processus créatif de la fabrication d’un film d’animation. Pour ce, des ateliers d’initiation à ce genre cinématographique permettront aux enfants le processus
créatif de la fabrication d’un film d’animation.

Une rétrospective originale
Réalisée en partenariat avec la Bibliothèque générale et archives de Tétouan et  Filmoteca Española de Madrid, la section rétrospective de cette édition est consacrée au cinéma colonial, sous le thème: "Le Maroc au regard du cinéma espagnol"  avec la programmation
de films de fiction et de documentation inédits produits et réalisés pendant la colonisation espagnole au Maroc, tels que Romancero Rmarroqui (Enrique
Dominguez Rodino, 1939), La cancion de Aïcha (Florian Rey, 1939) et Harka (Carlos Arévalo, 1941). Le cinéma documentaire est également à l’honneur de cette édition. Ce genre considéré pendant très longtemps comme le parent pauvre du cinéma connaît aujourd’hui une reconnaissance dans tous les festivals du monde.
La sélection des documentaires proposée, ayant pour thème "la Méditerranée dans tous ses états", traitera du cinéma palestinien comme acte de résistance contre la logique de la barbarie, du regard que portent les femmes sur la Méditerranée et du regard que porte le cinéma sur ses mythiques fondateurs. Après le trauma de 2003, le festival de Tétouan (qui est régi par un Comité de la Ville composé d’universitaires, d’artistes, d’intellectuels et de représentants de la société civile) et d’un Conseil administratif constitué de partenaires publics et privés, pour le soutien et l’encouragement de cette manifestation et de toute l’équipe organisatrice, entend mettre tout en œuvre afin de que cette manifestation devienne un espace de rencontre et de débats, de la culture du dialogue entre les peuples des deux rives de la Méditerranée, un Festival d’un cinéma de qualité.

Moulay Driss Jaïdi
Critique de cinéma

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