Cinema

Festival national du film de Tanger: La souffrance de la famille Itekou racontée par Hakim Belabbes

© D.R

«Le poids de l’ombre» de Hakim Belabbes vient d’être présenté dans le cadre du 17ème FNFT, qui se poursuit jusqu’au 5 mars.

Programmé en compétition officielle, ce documentaire de 82 mn met en avant la souffrance des parents d’Ahmed Itekou. Ils ont fait, pendant plus d’une trentaine d’années, des pieds et des mains pour connaître le sort de leur fils aîné, arrêté dans la mi-décennie 70. Pour recueillir les témoignages de ce couple nonagénaire, Hakim Belabbes est allé avec son ami Hamid Tbatou (critique du cinéma) à leur rencontre dans un village du Moyen Atlas. Très touché par l’histoire des parents Itekou, le cinéaste dit n’avoir pas «choisi de faire ce film, mais il s’est plutôt imposé à moi».

Vivant et travaillant à Chigago, Hakim Belabbes a pris l’habitude, chaque fois qu’il venait au Maroc, de rendre visite à la famille Itekou pour savoir de ses nouvelles. «De même, j’essayais, chaque fois, de tourner une partie de ce documentaire», souligne-t-il.  Dans ce document, Ami Ali- comme aime à l’appeler Hakim Belabbes – dit que sa famille et lui vivent, depuis l’enlèvement d’Ahmed, dans un engrenage infernal. Ils ont toujours voulu savoir si Ahmed est décédé ou s’il est encore vivant. Même s’il est mort, «nous ne pourrons jamais obtenir le certificat de décès d’Ahmed», déplore Ami Ali.

Selon ce dernier, Ahmed, qui suivait ses études loin de son village, a été en fait arrêté suite à une grève tenue pour protester contre la mauvaise qualité des repas servis à l’internat. Personne ne prévoyait à l’époque qu’il ne serait jamais de retour dans sa maison paternelle. N’ayant plus de nouvelles de son fils, Ami Ali a fait de son mieux pour connaître les vraies raisons de son arrestation et son lieu de détention, mais en vain. Presque une quarantaine d’années après cette affaire, sa mère Fatna est décédée juste, peu de temps, avant l’achèvement de ce documentaire, avec un seul souhait de rencontrer son fils dans l’au-delà.

Analphabète et ne parlant pas un seul mot du dialecte marocain, cette femme amazighe n’a cessé de son vivant de pleurer la longue absence de son rejeton et a décidé ainsi, selon Ami Ali, de ne jamais se regarder dans un miroir. Concernant les frères d’Ahmed, ils continuent toujours de vivre avec leurs femmes et enfants respectifs sous le même toit que leur père Ami Ali. Ils se disent tous avoir arrêté tôt leurs études scolaires de peur de subir le même sort que leur frère aîné. Quant à Ami Ali, il garde encore un vieux cartable, des bulletins de notes, des cartes scolaires et deux anciennes photos de son fils, qui sont devenues très abîmées par le temps. Il dit que rien ne peut remplacer la perte de son enfant, mais il veut juste connaître la vérité. «Je pense qu’il n’y a pas un marché au monde où l’on peut s’acheter un enfant», confie Ami Ali.

Ayant fait des études du cinéma à Lyon et aux Etats-Unis, Hakim Belabbes a débuté sa carrière dans la réalisation des documentaires, avant de se lancer dans les courts puis de longs-métrages. Il s’est distingué dans plusieurs manifestations cinématographiques, grâce à ses films dont «Fragments» et «Vaine tentative de définir l’amour».

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