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Hassan Kachach : «Je souhaite que le cinéma algérien s’élargisse et aille même vers le film commercial »

© D.R

Entretien avec Hassan Kachach, acteur algérien

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L’acteur algérien est invité au 8ème Festival maghrébin du film d’Oujda qui se poursuit jusqu’au 15 juin. Nous l’avons rencontré lors de cette manifestation cinématographique en soirée de son deuxième jour marqué par le lancement de la projection de films, notamment des productions marocaines et algériennes. L’artiste, de profession médicale précédemment, livre ses regards sur celles-ci ainsi que sur le festival.     

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ALM : Vous êtes un ami du festival. Comment cet événement grandit à vos yeux ?

Hassan Kachach : Avec le festival, il y a tout d’abord pour moi deux points d’attache. Le premier, c’est que j’ai accompagné l’événement depuis sa création quand il était dédié au court-métrage. J’ai ainsi vu un rêve et une ambition avec des amis, notamment les organisateurs et certains cinéastes marocains. Ils ont porté ce festival avec beaucoup d’énergie et peu de moyens. Mais le défi est là. Aujourd’hui, nous sommes en train de constater les objectifs atteints sur un plan parce que le festival est passé du court au long métrage et au documentaire. Il s’est imposé avec sa sélection de films, son organisation. C’est plutôt un festival très chaleureux et enrichissant puisque je rencontre des amis et de nouveaux venus tous les ans. C’est le type d’événements que j’aime beaucoup. C’est aussi une occasion pour faire des coproductions ou s’inscrire dans un nouveau projet qui regroupe des pays maghrébins. Quant au deuxième point, il concerne l’opportunité qu’offre un festival pour voir beaucoup de nouveaux films de différents horizons et de jeunes cinéastes, notamment maghrébins, qui s’inscrivent dans un cinéma d’auteur et de qualité. Celle-ci marque le cinéma maghrébin, qu’il soit marocain, algérien, tunisien, mauritanien ou libyen. De plus, le festival figure dans la carte des rendez-vous cinématographiques de la région, que ce soit dans le Maghreb ou dans le monde arabe.

Puisque vous parlez de carte des rendez-vous cinématographiques, est-ce que ce festival est inscrit dans celle algérienne ?

Non seulement à Alger, mais aussi ailleurs. Cet événement s’est imposé et il a sa place dans le grand Maghreb. Au minimum, j’ai vu défiler des dizaines de cinéastes, comédiens, critiques, voire des techniciens algériens et tunisiens et arabes. Ce rendez-vous est quand même à sa 8ème édition, donc il est réputé. Aussi, Oujda est une destination artistique. Son festival s’est créé une place solide non seulement en Algérie mais aussi en Tunisie. Par l’occasion, je vais vous citer mon expérience puisque je viens de terminer une coproduction de feuilleton algéro-tunisien en drama et j’ai fait un film en Tunisie avec Abdellatif Benammar, c’était une coproduction entre les deux ministères de la culture. Dans ce sens, j’ai connu beaucoup d’artistes tunisiens avec qui j’ai des échanges qui convergent vers une plate-forme de coproduction maghrébine en surmontant les problèmes de montage financier et cibler un marché de spectateurs plus large. Pourquoi pas ! Nous pouvons travailler ensemble et faire de belles choses.

Verrons-nous lors de cette édition un film où vous vous affichez ?

Cette année, je ne participe pas avec un film au festival. J’y suis en tant qu’invité. C’est la 4ème ou 5ème fois que j’y viens. Peut-être que j’aurai, l’année prochaine, ici un film. Je l’espère vivement. Pour ma part, j’ai déjà participé au film «Les 7 remparts de la citadelle» avec Ahmed Rachedi. Il a d’ailleurs été projeté à Casablanca

Le 2ème jour du festival a été marqué par le lancement de la projection de films, notamment des productions marocaines et algériennes. Quel serait le point commun entre les deux ?

Pour les deux longs-métrages «Reconnaissance» de son jeune réalisateur algérien, Salim Hamdi, et «Cri de l’âme» de son réalisateur marocain Abdelilah Eljaouhary, ce sont des films d’auteur. Ce sont des sujets auxquels ils portent un intérêt particulier, notamment le patrimoine culturel. Le premier étant dédié à la mémoire et le deuxième à l’art de l’aïta. Les deux ont également une dimension humaine. Ils n’ont  pas fait dans le commercial. Ils ont plutôt versé dans l’histoire et l’identité culturelle ainsi que les idéaux. Pour le premier film, le sujet est aussi noble, il a un rapport avec la fidélité. C’est un jeune cinéaste algérien qui parle d’un sujet traité par les pionniers. Cependant il y a une continuité avec une approche différente. Quant au deuxième, il nous a habitués au film engagé. Il s’est de plus inscrit dans le chant jusqu’à la fin du film en abordant des sujets humains profonds. 

Certains estiment que le cinéma algérien aborde souvent la guerre. Quel commentaire en faites-vous ?

Je crois que la guerre d’Algérie est toujours une source d’inspiration. C’est un devoir de mémoire. C’est un ciment qui consolide la société. Nous avons toujours besoin d’y revenir. Mais il y a d’autres films. Si nous avons vu au festival le film «Reconnaissance» qui aborde cette mémoire, le film «Point zéro» de l’Algérien Nassim Boumaiza que nous avons vu également au festival est contemporain et il y a bien d’autres. C’est plutôt un cinéma diversifié puisqu’il parle de révolution, de réalité, d’ambitions, d’immigration et de la décennie noire entre autres. Aussi, les jeunes cinéastes peuvent aborder les mêmes thématiques mais sous un autre angle. Je souhaite que le cinéma algérien s’élargisse et aille même vers le film commercial. Pourquoi pas ! Je considère que les taxes, billetteries et retours sur investissement peuvent être injectés dans la production, ce qui va aider d’autres films avec de bons scénarios à voir le jour. Ainsi, ceux-ci peuvent être commercialisables en créant une industrie et des réseaux de distribution. De plus, le cinéma algérien a eu l’Oscar avec le film «Z» et d’autres prix internationaux. Nous participons à d’autres événements comme le festival de Cannes. C’est le cas du film «En attendant les hirondelles» de Karim Moussaoui dans lequel je m’affiche.     

Vous avez exercé la médecine. Comment exploitez-vous cette profession en art ? 

Cela fait un bon moment que je ne fais que de l’art. La médecine ou toute autre formation, c’est un réservoir où nous pouvons puiser nos états d’âme. Certainement c’est un plus, mais je considère aussi que la médecine, qui s’occupe du corps, a quelque chose de plus important, c’est le contact médecin-malade et la confiance. Ce rapport humain se retrouve également dans le cinéma que ce soit avec les comédiens, les réalisateurs ou techniciens. Aussi, l’observation chez le médecin aide à communiquer et écouter l’autre. La médecine peut s’occuper du corps et du physique, le cinéma s’occupe de l’âme et la raison.

Auriez-vous des projets ?

Je suis sur deux que j’ai envie de faire à la fois. Il y a un film cinématographique dont je préfère ne pas dévoiler les détails puisque nous sommes au début. Aussi, nous travaillons sur la suite du feuilleton algéro-tunisien «Machaïr» (Sentiments). Il est prévu pour la période d’avant le Ramadan. En tout cas je vais tout faire pour travailler sur les deux parce que j’aime beaucoup le film et le feuilleton a eu un très bon retour en Algérie, en Tunisie et au Maroc. Cela fait plaisir. Pour rappel, j’ai déjà joué au Maroc dans la série «Al Hayani» de Kamal Kamal. Une autre expérience ici serait la bienvenue.

Un dernier mot…

Je suis content d’être au festival avec mes amis. Nous sommes chez nous ! Je salue l’équipe d’organisation du festival qui fait son travail avec beaucoup d’amour. 

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