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Hicham Hajji : «Certaines actrices se retrouvent privées de vrais castings lorsqu’elles disent non»

© D.R

Hicham Hajji dénonce la culture du silence autour du harcèlement sexuel dans le cinéma 

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Depuis son premier film «Redemption Day», Hicham Hajji fait partie du cercle fermé des réalisateurs et producteurs hollywoodiens. A l’affiche de son long métrage, Andy Garcia, Gary Dourdan, Serinda Swan, Martin Donovan, Earnie Hudson, Robert Knepper et Samy Naceri… Passionné dans l’âme, le jeune marocain ne compte pas s’arrêter à la symbolique de ce premier succès, il a d’autres projets en préparation et espère toucher avec ses créations le plus grand nombre d’amoureux du cinéma dans le monde. En effet, son choix de faire des films depuis la cité des Anges vient d’un rêve d’enfant, de sa détermination inébranlable de percer dans ce milieu très select, et son envie de travailler aux côtés des plus grands noms du cinéma mondial. Conscient des problématiques qui touchent la société et plus particulièrement l’industrie du cinéma, Hicham Hajji s’est dernièrement livré sur les réseaux sociaux sur le harcèlement sexuel subi par certaines actrices dans le cinéma au Maroc dénonçant par la même occasion la culture du silence qui continue de régner autour de cette question. Sur ce sujet et bien d’autres, le jeune réalisateur s’est prêté au jeu des questions-réponses.

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ALM : Pour votre premier film «Redemption Day», vous avez réuni une pléiade de stars internationales. Parlez-nous un peu de cette première expérience en tant que réalisateur et en tant que jeune réalisateur marocain à Hollywood…

Hicham Hajji : «Redemption Day» est la plus grande aventure de ma vie, où j’ai mis le paquet dans un rêve fou. Tout mon entourage personnel et professionnel pensait que c’était impossible. «Un Marocain, né et ayant grandi au Maroc, qui va à Hollywood produire et réaliser un film. Un peu difficile quand même», «Est-ce que Hollywood n’attend que toi pour faire des films ?», «Tu penses que les stars vont laisser leur projet et venir travailler avec toi l’Arabe ?»… Je vous épargne le tas de commentaires que j’ai entendus. Mais dans ma logique à moi le cinéphile, oh combien de fois j’étais au cinéma ou chez moi en train de chercher un bon film que je n’ai pas vu, mais en vain… La demande de films est plus grande que l’offre, et ça j’en étais aussi convaincu que mes capacités à produire un film de qualité internationale. Je me fiche de ce que les autres pensent quand j’ai quelque chose en tête et que j’en suis convaincu. Après avoir fait plusieurs films au Maroc, et surtout après avoir travaillé avec plusieurs réalisateurs et producteurs hollywoodiens, mon ambition a toujours été grande et je ne voulais pas juste être le producteur exécutif marocain à qui on donnait l’argent pour faire le «servicing», je voulais être le créatif qui développe des projets, les finance, et les produit et surtout qu’ils soient internationaux. Bien évidemment c’est plus facile à dire qu’à faire.

Vous avez travaillé pendant plusieurs années dans le cinéma au Maroc. Selon vous, pourquoi les films marocains peinent-ils à percer auprès du grand public ? C’est un problème de salles de cinéma ? de budget ? d’acteurs ? de qualité du scénario ? ou tout ça à la fois ?

Déjà, lorsqu’on dit un film marocain, à 95% des cas le film est en darija, donc cela limite son exportation dans le monde. A part faire des festivals où le film se balade un peu, la langue marocaine est un grand frein à l’exportation. Pour le cas national, oui il est clair que le manque de salles de cinéma affecte la vie du film. Nous avons d’excellents acteurs marocains, je ne pense pas que ce soit là le problème, mais il est juste rare que nos réalisateurs fassent un film pour leur public, ils préfèrent faire des films qui vont les mener dans le circuit des festivals, et généralement qui dit festival dit film d’auteur et donc «non commercial»

Vous avez évoqué sur les réseaux sociaux le harcèlement sexuel dont seraient victimes certaines actrices au Maroc en les incitant à s’exprimer sur le sujet et dénoncer leurs «prédateurs». Qu’est-ce qui vous a poussé à en parler maintenant ?

Vous n’avez pas idée du nombre de gens qui me contactent en privé pour me demander des conseils, ou du travail, ou des contacts, etc. A plusieurs reprises ces derniers temps j’ai entendu des histoires à dormir debout comme des réalisateurs qui demandent à de jeunes actrices de faire des castings chez eux à la maison, un samedi soir à 21h, etc., ou des gens qui promettent des choses de manière générale… Combien de ces jeunes se retrouvent privées de vrais castings lorsqu’elles disent non. Et aussi ça va à plus gros que ça dans le financement, la production, etc. J’ai entendu tellement d’histoires après avoir vu la série «The Morning Show sur Apple TV» (une série éducative qui dénonce le mauvais comportement des hommes envers les femmes), je me suis dit qu’il fallait dire aux gens de voir cette série et surtout que ce genre de comportement cesse ! Que les gens puissent parler et raconter ce qui se passe. Je vous jure que si on était en France ou aux États-Unis, beaucoup de cinéastes et autres personnes des administrations seraient en prison pour un long moment. Mais chez nous ça reste normal. Le plus triste dans tout ça, c’est que mon post a eu beaucoup moins d’interfacions que les précédents, presque personne de mon industrie n’a interagi !

C’est le genre de sujets que vous pourriez raconter dans un de vos prochains films ?

Tout à fait. J’aime bien les films à faits réels et qui racontent des histoires puissantes. Donc oui si je tombe sur la bonne histoire, le bon scénario, pourquoi pas.

Quels sont les ingrédients d’une histoire que vous pourriez aborder dans un long métrage ?

L’émotion et l’adrénaline. Si ça me touche quand je lis, j’aime forcément.

Pourriez-vous nous donner quelques indiscrétions sur vos prochains projets ?

Bien que mon premier film soit un film politique d’action et qu’on puisse croire que je veux faire que des films d’action (pour ceux qui me connaissent), mon deuxième est une comédie hilarante autour du monde de la musique électronique. Le scénario est presque terminé, et à chaque fois que je lis j’éclate de rire. Je pense vraiment que c’est un film qui est beaucoup plus intéressant et surtout qui va réconcilier le monde avec les minorités sous le ton de la comédie et de la musique.

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