Cinema

Isabelle Huppert : «C’est un honneur de présider le jury du FIFM»

© D.R

ALM : Vous êtes la présidente du jury de la 14ème édition du Festival international du film de Marrakech. Comment le vivez-vous ?

Isabelle Huppert : C’est un honneur et un privilège. Je connais ce festival depuis la première édition, je l’ai vu grandir pour devenir un grand rendez-vous du cinéma.
Depuis quatorze ans, on a vu passer ici de grands noms du septième art, et je suis fière de m’inscrire dans cette belle continuité. Il y a trois ans, on m’a rendu hommage ici à Marrakech, c’est dire que cette ville et ce festival, je les porte en moi. J’ai aussi tourné à Marrakech quelques scènes d’un film avec Benoît Jacquot intitulé «L’école de la chair». Sans oublier que nous avons une belle sélection de films des cinq continents, des cinémas différents, des univers et des imaginaires variés. Ce n’est que du plaisir de partager avec les autres membres du jury de bons films, des œuvres uniques.

Est-ce que le Festival de Marrakech évolue comme l’a désiré Daniel Toscan du Plantier ?

Marrakech, au fil des années, continue de refléter l’amour et la passion que Daniel Toscan du Plantier portait au cinéma. Daniel  avait une vision pour ce festival. Il voulait qu’il soit un lieu d’échanges et de partage, un haut lieu de l’art et de la culture. Un rendez-vous pour les cinémas du monde, dans leur diversité. Daniel voulait aussi un festival pour le public marocain, et c’est ce que l’on voit aujourd’hui.  Partout, il y a des amoureux du cinéma, dans les salles, sur la place Jamaâ El Fna, dans la rue. C’est un enthousiasme grandissant.

Quelle est la particularité de ce festival en termes de choix des films ?

On offre ici à Marrakech beaucoup de premières œuvres cinématographiques. Ce qui veut dire que l’on découvre ici de nouveaux talents, de nouveaux noms, qui après Marrakech, peuvent faire une belle carrière. C’est une chance pour nous et pour le public marocain de voir ces films que l’on ne verra peut-être pas dans les salles de cinéma. C’est le propre d’un grand festival de faire connaître de  futurs grands noms. Des films projetés à Marrakech ont même été aux Oscars et ont gagné des prix. Marrakech porte bien son nom de festival international.                     

Que vous inspire Marrakech?

Marrakech c’est un mythe. C’est une cité mondialement connue, qui  fait rêver des millions de personnes. Partout dans le monde, on parle de la ville, de sa palmeraie et de sa place Jamaâ El Fna. Mais Marrakech est aussi une grande ville de cinéma. Alfred Hitchcock y a tourné  «L’homme qui en savait trop» en 1956 avec James Stewart et Doris Day. D’autres grands du cinéma ont séjourné à Marrakech. C’est une longue histoire d’amour entre cette ville et le monde du septième art. Et c’est une magnifique idée d’avoir créé ce festival dans cette magnifique cité.

Vous avez voyagé à travers plusieurs univers en tournant avec de grands cinéastes comme Maurice Pialat, Patrice Chéreau, Claude Chabrol, Mickael Haneke… comment une actrice comme vous arrive-t-elle à gérer les exigences de chacun ?

J’ai de la chance d’avoir joué avec  tous ces grands noms que vous avez cités et d’autres encore. D’ailleurs, il ne passe pas un jour sans que je pense à Claude Chabrol, qui me manque beaucoup. C’est le métier d’acteur qui exige de nous adapter à tous ces différents univers. Chaque cinéaste a sa vision de son film et du monde, à moi en tant qu’actrice d’entrer dans ce monde, de l’habiter, d’en rendre ce que le film exige.            

On dit que pour certains acteurs, il faut prendre des risques pour durer, partagez-vous cette pensée ?

Non, pas du tout. Le cinéma, pour moi,  n’est ni un danger ni une prise de risques. Je crois même que le cinéma nous protège nous les acteurs.  Je pense au contraire que les acteurs jouissent d’un grand confort dans le cinéma. Il y a certes du travail, il faut s’impliquer, vivre ses personnages pour mieux les rendre sur écran, mais croyez-moi, il n’y a aucun mérite.   C’est un métier, du travail.      

Connaissez-vous le cinéma marocain ? Si oui, quel regard portez-vous sur cette cinématographie ?

Je ne connais pas beaucoup le cinéma marocain, mais d’après ce que je sais, le cinéma marocain a évolué ces dernières années puisque le pays produit aujourd’hui au moins 25 longs métrages. C’est déjà un signe que le cinéma marocain se porte bien. Il faut dire aussi que le Festival international du film de Marrakech m’offre l’occasion pour découvrir davantage le cinéma marocain à travers les films au programme, particulièrement le long-métrage en compétition. Mais j’espère avoir le temps ici à Marrakech d’en voir quelques-uns déjà programmés dans cette quatorzième édition. Sinon, à mon retour à Paris, je vais me procurer des films marocains pour mieux connaître ce cinéma qui voyage bien dans le monde et va dans de grands festivals.

Vous avez tourné récemment avec Gérard Depardieu,  un autre monstre sacré du cinéma, parlez-nous de vos retrouvailles depuis un tournage pour Pialat en 1980…

Oui, nous avons tourné ensemble dans «The Valley of Love». C’est un film qui  raconte un fait très dramatique. C’est un film tourné dans la vallée de la mort aux USA, qui est  une réflexion sur l’absence. Il traite de liens que rien ne peut détruire, des liens qui transcendent le temps.

D’autres projets ?

Oui, il y en a. J’ai  récemment tourné à New York, et en anglais, le troisième film de Joachim Trier, intitulé «Oslo, 31 août», avec l’acteur Gabriel Byrne. C’est un film fort qui traite de la violence et de son impact sur la vie des gens.

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