Cinema

Khalil Damoun: «Un cinéma sans critique est un cinéma aveugle»

© D.R

ALM : Vous venez d’être élu à la tête de la Fédération africaine de la critique cinématographique, en marge de son 2ème congrès, tenu à Marrakech, quelle sera votre mission ? Et comment envisagez-vous de traiter avec vos partenaires africains ?  
 
Khalil Damoun :
Ma mission consiste à diriger cette instance suivant les directives et les recommandations de l’assemblée générale. Au niveau de l’organisation interne, essayer de trouver un organigramme qui unit toutes les associations de la critique au niveau des statuts, des règlements intérieurs, afin que toutes les activités de ces associations se focalisent sur la production, sur l’analyse des films et éviter de tout faire… Il faut également travailler avec les associations des pays anglophones, car la majorité des associations qui étaient présentes à Marrakech sont venues de pays francophones. Enfin, je vais insister sur le fait que la FACC s’ouvre encore plus sur les grands festivals africains tels que Carthage, Ouagadougou et Le Caire pour que les critiques africains, puissent se confronter à des expériences cinématographiques différentes.   
 
Quels ont été les points de convergence et de divergence lors de ce 2ème congrès ?

Il n’y a pas eu beaucoup de divergences quand on a passé plusieurs heures à réviser les statuts et le règlement intérieur. On a insisté à ce que les instances de la FACC travaillent en harmonie et que les tâches de chaque membre du bureau exécutif soient claires.
 
Concrètement, quel est le rôle de cette fédération ?

La Fédération africaine de la critique cinématographique est un groupement d’Associations nationales des critiques de cinéma. Elle a pour but de promouvoir la critique cinématographique dans le continent par le biais d’activités comme des rencontres et colloques, les ateliers de travail, la remise des prix de la critique lors des festivals, ainsi que la signature de conventions avec les organismes de cinéma tels que la FEPACI (Fédération des cinéastes africains).
 
Quel diagnostic faites-vous du cinéma marocain ?

Le cinéma marocain connaît ces dernières années des hauts et des bas. En ce qui concerne la quantité des films produits chaque année on en est toujours à 20 films. Ce qui n’est pas mal du tout. Et c’est le fruit de la politique de soutien. Quant à la qualité des films marocains ces 5 dernières années, ça laisse à désirer. Car peu de films sortent du lot. Au contraire on assiste à une dégradation accrue qui nous laisse poser de grands points d’interrogation. Regardez par exemple cette année, les organisateurs du Festival de Marrakech n’ont pas pu trouver un film marocain à la hauteur de concourir avec les films d’autres pays. Et ce qui dérange vraiment c’est le niveau du court métrage marocain car les jeunes cinéastes n’arrivent pas à nous satisfaire du tout. Et cela mérite une profonde réflexion de la part de tous.

En tant que président de la l’Association marocaine des critiques du cinéma, quel rôle pourront jouer les critiques pour le développement du secteur cinématographique au Maroc?

Le baromètre du cinéma dans tous les pays c’est la critique. C’est elle seule qui a la capacité d’évaluer les films d’une part, et les contextes qui abritent ces films d’autre part. Un cinéma sans critique c’est un cinéma aveugle qui ne sait pas où il pose les pieds. Malheureusement, chez nous la critique ne trouve pas assez d’espace pour se prononcer, soit au niveau de la presse écrite, ou à la radio, et encore plus à la télévision.

La presse persiste à croire que le lecteur marocain ne s’intéresse pas à ce qui s’écrit sur le cinéma. Par contre dans les années soixante-dix et quatre-vingt, il y avait dans chaque quotidien une page Spécial cinéma. A la radio, il y avait 6 ou 7 émissions de cinéma, et à la télévision aussi. Maintenant que le Maroc est considéré comme un pays cinématographique on laisse très peu d’espace aux écrits sur le cinéma.
 

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