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Mimosas, la voie de l’Atlas : Le voyage de la foi

mimosas cavaliers
© D.R

Oliver Laxe, jeune réalisateur galicien né à Paris et fasciné par le Maroc, était présent cette année au Festival de Cannes en tant qu’acteur dans «The Sky trembles and the earth is afraid and the two eyes are not brothers» de Ben Rivers, et réalisateur de «Mimosa, La voie de l’Atlas», sa première fiction tournée au Maroc- qui a remporté le Grand prix Nespresso de la 55ème édition de la Semaine de la critique de Cannes 2016.

Le conte d’un amoureux du Maroc

Ce n’est pas la première fois qu’Oliver Laxe, qui habite et travaille au Royaume depuis une douzaine d’années et qui l’a parcouru du nord au sud, va le choisir pour filmer ses réalisations. Avant Mimosas, «Vous êtes tous des capitaines», son premier long-métrage l’a été aussi et a reçu le prix Fipresci durant la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes en 2010. «L’origine de mes films, c’est aussi filmer le Maroc et sa nature», explique le réalisateur. Et de poursuivre  : «C’est le Maroc, mais c’est aussi le monde, c’est l’endroit où j’habite. C’est aussi une continuité avec ma région d’origine, la Galice, où la nature est aussi très forte». Il semble qu’Oliver est en repérage au sud du Maroc, pour son troisième film.

Mimosas est sorti dans les cinémas le 24 août et continue toujours d’envoûter la critique. Le synopsis donne envie de découvrir la bande-annonce et celle-ci donne envie de voir le film. Pour vous donner une idée sans spoiler, il s’agit d’une caravane qui accompagne un Cheikh mourant à travers les montagnes du Haut-Atlas marocain. Sa dernière volonté est d’être enterré près des siens. Mais la mort n’attend pas, le chef des caravaniers perd la vie avant d’arriver à sa demeure finale. Ses compagnons, craignant la montagne, refusent de transporter son corps à destination mais Said et Ahmed, deux vauriens voyageant avec eux, promettent de porter la dépouille à destination. Mais connaissent-ils le chemin ? Dans un monde parallèle, Chakib est désigné par Dieu pour aller dans la montagne, à l’aide de ces caravaniers.

Sur la voie de la foi

Deux récits, deux voyages, s’entremêlent ainsi pour ne former qu’une histoire ponctuée de questionnements profonds et de mysticisme frappant. «Je voulais explorer la mystique musulmane et le cœur de l’Islam», avoue le réalisateur, qui explique qu’il s’agit d’un «western religieux», d’un film d’aventures physiques et métaphysiques. «J’aime beaucoup le cinéma de genre, parce qu’il permet de pousser vers l’avant: Mimosas, la voie de l’Atlas m’a permis d’aller plus loin et de grandir en tant que cinéaste». Aller plus loin, aller jusqu’au bout, c’était aussi l’objectif des transporteurs de la dépouille du Cheikh, attachés à leur foi, traversant des paysages de plus en plus menaçants, entraînant le spectateur derrière eux et une intrigue de plus en plus opaque. Pour Oliver Laxe, Mimosa s’intéresse plus à la foi qu’à la religion, c’est un film ouvert, qui peut parler à des publics de différentes cultures, croyances et idéologies. Dans ce road movie, il ne s’agit pas seulement de la foi religieuse, mais aussi de la foi «cinématographique» du réalisateur, qui appartient à une génération décomplexée sur le sujet de la religion et qui effectue une distinction entre le geste religieux et l’institution religieuse.

L’Atlas de Laxe

«Le divin se manifeste beaucoup sous forme de paradoxe, mais c’est surtout au travers de l’amour qu’il le fait», avait-il déclaré. Le divin se manifeste aussi à travers les tableaux que traverse le spectateur avec les personnages de Laxe. Des tableaux de paysages grandioses, majestueux, hostiles, qui dégagent la beauté de la nature marocaine et invitent le spectateur à la découverte, surtout l’étranger, vu que le film a été vendu à la France, aux pays Baltes, à la Grèce, au Mexique et aux Etats-Unis et qu’il poursuit, après Cannes, la tournée des grands festivals. Il était quand même difficile de tourner dans l’Atlas, malgré sa beauté. Pendant les cinq semaines du tournage, Laxe et son équipe ont rencontré des difficultés, surtout avec des figurants, des chevaux et un matériel à gérer et déplacer continuellement, mais aussi des producteurs à convaincre pour avoir le feu vert et tourner dans une zone difficile. «Je me rappelle le deuxième jour, quand les camions se sont retrouvés bloqués sur un pont. On a cru qu’on n’y arriverait pas, mais nous avons persévéré : nous ne nous sommes pas avoués vaincus bien que tout le monde nous ait dit que ce tournage était une folie», déclare Laxe qui a écrit le scénario et fait le casting lui-même. Les acteurs sont ses amis. «J’ai des amis tellement beaux que la logique voulait que je les mette dans mes films. J’ai écrit le scénario en pensant à eux, à leurs mots, à leurs gestes, et à l’écran, on voit leur innocence, leurs silences et la cicatrice de leurs regards», avoue-t-il.

Le film est sorti le 24 août dans les salles françaises, attendez sa projection dans les salles nationales bientôt.

Soukaina Zoubir

(Journaliste stagiaire)

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